Le Maroc est une destination de prédilection pour les étudiants ivoiriens. Ils étaient plus de 3000 à étudier au Maroc, en 2010, selon l’UNESCO. Après leurs études, certains rentrent, mais d’autres décident d’avoir une première expérience au Maroc. Près de 200 Ivoiriens travailleraient ainsi au Maroc. C’est le cas notamment d’Yves-Hervé Assi, qui a fondé, il y a un an, l’Association des professionnels ivoiriens au Maroc. Aujourd’hui, il explique à ANA les contours de cette communauté qui voudrait se placer au cœur des échanges entre le Maroc et la Côte d’Ivoire.
Entretien
Dans quel contexte avez-vous décidé de créer l’Association des professionnels ivoiriens du Maroc dont vous êtes aujourd’hui le président ?
Par le passé, l’association des étudiants ivoiriens était la seule association rassemblant la communauté ivoirienne au Maroc. A l’époque, il y avait très peu de résidents qui travaillaient ici et puis, en 2013, en rencontrant Boni M’Boua P. Omar Mambo et avec le soutien de l’ambassade qui était également dans cette dynamique, nous avons réfléchi à regrouper les professionnels. En décembre 2013, l’association était en place.
Comment se compose aujourd’hui la communauté ivoirienne active ?
Notre association compte une cinquantaine de personnes avec des profils très diversifiés : des ingénieurs dans la branche agricole, hydraulique, BTP, informatique… mais aussi des médecins et pharmaciens, des télé-marqueteurs et des commerciaux. La majorité d’entre eux a commencé par faire ses études ici, car il y a une forte collaboration entre le Maroc et la Côte d’Ivoire qui permet aux jeunes Ivoiriens de venir se former ici. Moi-même, j’ai étudié jusqu’au bac+4 en Côte d’Ivoire avant de poursuivre mes études à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat. Depuis fin 2007, j’ai travaillé successivement comme ingénieur hydraulicien pour deux sociétés.
Tous ceux qui travaillent aujourd’hui au Maroc sont-ils d’abord venus pour leurs études ?
Nous comptons également quelques entrepreneurs qui sont venus directement dans le cadre de leur entreprise d’import-export, mais ceux qui seraient venus de Côte d’Ivoire après avoir obtenu leur diplôme pour trouver de l’embauche sont très rares ; c’est simple, je n’en connais pas. Ce n’est pas évident de venir travailler ici quand on n’a pas un diplôme marocain.
Comment évolue cette communauté de professionnels aujourd’hui ?
Il y a une tendance à se mettre à son compte. Certains Ivoiriens qui travaillent ici ont acquis une bonne expérience en tant que salariés et ont envie de se mettre à leur compte en Côte d’Ivoire, de créer une petite boîte là-bas. Nous comptons ainsi quelques chefs d’entreprises dans la formation dans le domaine portuaire, le bâtiment, l’appui à la recherche de financement, l’import-export. Ils sont une dizaine dans notre association.
Dans quel but avez-vous voulu réunir les professionnels ivoiriens ?
Notre objectif est bien sûr d’établir un réseau qui profite à ses membres. Nous voulons également servir d’interface entre les mondes professionnels marocain et ivoirien, faciliter l’implantation d’entreprises marocaines en Côte d’Ivoire et réciproquement.
Nous avons accompagné, en 2014, le groupe Acticall. Il est déjà implanté en Côte d’Ivoire, mais [étant donné que les étudiants subsahariens sont très recherchés pour leur parfaite maîtrise du français, ils passent souvent par les calls centers qui font de l’offshoring au Maroc] il nous a demandé de lui soumettre des profils pour du télémarketing. En ce moment, nous sommes en discussions avec un gros opérateur de supermarchés qui nous a contactés.
Que diriez-vous à une entreprise marocaine qui veut s’implanter en Côte d’Ivoire et réciproquement ?
Je lui dirais de très bien s’informer sur le marché marocain. C’est un marché très difficile, car il est beaucoup plus saturé que celui de la Côte d’Ivoire. Dans l’autre sens, il doit également bien s’informer pour éviter d’être surpris, mais les risques sont moindres car les besoins sont réels. En Côte d’Ivoire, beaucoup d’efforts ont été faits pour sécuriser les investissements, pour protéger les intérêts des investisseurs étrangers. Sur le plan juridique il peut y avoir des situations problématiques, mais elles ne sont pas significatives.