Tunisie Une élection majeure pour la jeune démocratie tunisienne
Le 15 septembre, les Tunisiens ont RDV aux urnes pour la seconde élection présidentielle de l’histoire de la jeune démocratie tunisienne. 26 candidats prétendent au titre révélant la diversité et les clivages au sein de la scène politique locale. Au-delà des principaux défis que le, ou la, nouvel élu devra affronter_ relève de l’économie, inflation, corruption, chômage_, il devra avant tout redonner espoir aux plus de 11 millions de Tunisiens, dont une grande majorité de désenchantées de la révolution.
Par Dounia Ben Mohamed
Dans les rues de Tunis, les badauds voguent à leurs occupations habituelles. Même si, dans les cafés, les bureaux, les salons, un sujet est au cœur de toutes les préoccupations : qui sera élu, au soir du 15 septembre, à la tête du pays.
A quelques jours du scrutin, tous les scénarios sont encore possibles et nul ne peut prédire qui des 26 candidats en compétition remportera la partie. D’autant que les profils différents, reflétant les clivages de la classe politique tunisienne. Parmi lesquels, Youssef Chahed, l’actuel premier ministre ;le vice-président d’ Ennahda et président de l’Assemblée nationale Abdel Fatah Mourou, ou encore le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi, l’un des favoris qui se présente comme indépendant ; deux femmes Abir Moussa, partisane de l’ancien régime et Salma Elloumi Rekik, directrice du bureau de l’ancien président Béji Caïd Essebsi et candidate de Nidaa Tounes, le parti au pouvoir ; ainsi que le fondateur de la chaîne de télévision Nessma TV Nabil Karoui, l’outsider dont l’arrestation à quelques jours du scrutin a transformer en candidat antisystème.
Confirmer sa transition démocratique
Au-delà de ce RDV majeur, la seconde élection présidentielle de l’histoire de la jeune démocratie tunisienne, née aux lendemains de la révolution de janvier 2011 rappelons-le, il s’agit pour le pays de confirmer sa transition démocratique.
Et déjà, force est de constater que le pays a réussi un premier test. A savoir l’organisation de la transition au lendemain du décès du chef de l’État en exercice, Béji Caïd Essebsi, le 25 juillet dernier, une première dans l’histoire du pays, et l’avancement par conséquent du calendrier électoral, de novembre à septembre. Donnant raison à la maxime « les hommes passent, les institutions restent », du moins quand elles fonctionnent, les institutions tunisiennes ont en effet prouvées leur fonctionnement. Un président par intérim a été nommé le jour même de l’annonce du décès et le scrutin, avancé donc, s’est déroulé selon les règles prévues pour la nouvelle constitution. Enfin, l’ISIE, a joué son rôle de garante de la bonne tenue de l’élection.
Par ailleurs, autre première, des débats télévisés, trois au total, ont opposé les 26 candidats. Diffusés en direct sur la chaine nationale, largement suivis par la population, ils auront donné à la classe politique l’occasion de débattre en public, exercice suffisamment nouveau pour être salué.
Seule ombre au tableau, le cas Nabil Karoui. Le trublion de cette élection n’aura pas pu s’exprimer devant les téléspectateurs. Inculpé pour “blanchiment d’argent”, il a effectué sa campagne depuis sa cellule. Qualifié de populiste pour les uns, mécène et porte-parole des oubliés et des petites gens, pour les autres, il aura réussi à troubler la campagne. Allant jusqu’à passer pour une victime du système.
En attendant, l’élu, une fois plébiscité, ne sera pas au bout de ses peines. Bien au contraire. BCE laisse à son successeur une scène politique, et économique, et sociale, dans un grand marasme. Au-delà des principaux défis que le nouveau chef de l’État devra affronter_ relève de l’économie, inflation, corruption, chômage_, il devra avant tout redonner espoir aux millions de Tunisiens, dont une grande majorité de désenchantées de la révolution.
Le taux de participation révèlera ainsi la tendance : la forte participation des jeunes
Le taux de participation révèlera ainsi la tendance. Aussi, le scrutin devrai confirmer un élément déjà révélé par les dernières élections municipales : la forte participation des jeunes. Alors que 7 millions d’électeurs inscrits, plus de 60% ont moins de 25 ans. Une nouvelle génération qui n’aura connu ni l’ère Bourguiba ni les années Ben Ali mais dont la citoyenneté s’exprime sous diverse forme_ bénévolat, campagne civique sur les réseaux sociaux, etc._, décidée à faire entendre sa voix et à participer à construire cette Tunisie nouvelle, démocratique, égalitaire, orientée vers le numérique, prospère…
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