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Tunisie Les héritières de Fatma Fihria primées

Si la femme tunisienne jouit d’un statut exceptionnelle dans la région, d’autres pays enregistrent des progrès significatifs. Grâce notamment à l’engagement de femmes au parcours exceptionnelles qui ouvrent la voie à d’autres. Le prix Fatma Fihria, dont la 3ème édition se tenait le 13 avril à Tunis, tend à les promouvoir.

Par Dounia Ben Mohamed, à Tunis

Le symbole est de taille. C’est au musée du Bardo, tristement célèbre pour l’attentat qui l’a ciblé en 2015, mais au-delà joyau du patrimoine tunisien, que s’est tenu la 3ème édition du prix Fatma Fihria. Cette femme exceptionnelle, originaire de Kairouan, qui, il y a plus de 1000 ans (853), fondait l’université Al Quaraouiyine à Fès, considérée comme la plus ancienne université du monde encore en activité.

C’est en sa mémoire que le prix Fatima Fihria, initié par le réseau Med 21, en partenariat avec le ministère de la Femme, œuvre en faveur de la promotion de l’accès des femmes à la formation et aux responsabilités professionnelles en Méditerranée. Une cérémonie de remise des prix aux lauréats a ainsi été organisée le 13 avril, à l’occasion de la clôture de “Tunis, Capitale de la Femme Arabe 2018/2019” et de l’Organisation du “Forum De Tunis sur l’Égalité des Genres- 2019″.

« Bravo à la Tunisie, ce qui a été accomplie et formidable, et ça continue et nous avons besoin que la Tunisie continue. »

Parmi les lauréates, l’ancienne ministre française, Élisabeth Guigou, elle-même née au Maroc et se considérant comme une héritière de Fatima Fihria, ne cachera pas son émotion à la remise de son prix. « C’est un grand honneur pour moi, dans ce musée qui a été le théâtre meurtrier d’une tragédie épouvantable dont nous avons tous les mémoire mais aussi l’un des plus beaux musées du monde, confiera-t-elle avant de poursuivre : Ce prix, est un symbole extraordinaire. » Et d’ajouter : « Ici à Tunis, je conserve l’un de mes moments d’émotions les plus instants, lorsque j’assistais au vote de la Constituante tunisienne. Bravo à la Tunisie, ce qui a été accomplie et formidable, et ça continue et nous avons besoin que la Tunisie continue. »

« Le Maghreb des femmes a existé et nous sommes leurs petites filles »

Une émotion partagée par sa « compatriote » Aicha Chenna, marocaine, fondatrice et présidente de l’association Solidarité Féminine au Maroc, également primée pour son engagement, de toute une vie et malgré la pression et les menaces des islamistes, en faveur des mères célibataires et des enfants nés hors mariage au Maroc et mis au banc de la société. « Mon histoire avec la Tunisie continue de s’écrire. Elle a commencé par un stage en 1973 où je découvrais un pays avant-gardiste qui avais mis en place le planning familial et la Tunisie continue de nous devancer et de nous montrer la voie. » Avec plus de 50 ans de militantisme, Aicha, qui promet de « se battre jusqu’au bout », rappelle : « Le Maghreb des femmes a existé, nous sommes leurs petites filles et nous continuons le combat ».

Parmi les autres nominés ce soir-là, un homme, et pas des moindres, Habib Bourguiba, dont son fils, Moez, recevra un prix décerné à titre posthume à celui qui aura participé à l’émancipation de la femme tunisienne.

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