Transport : Faire du Togo un hub logistique, un pari osé
Depuis quelques années les autorités togolaises ont entamé un ambitieux programme d’investissements afin de combler le retard du Togo en matière des infrastructures de transport. Ceci dans le seul et unique but de faire du pays un hub logistique par excellence dans la sous-région ouest africaine. Pour certains analystes, c’est un pari osé mais pas impossible puisque le pays dispose déjà de certains atouts.
Adoubé par les partenaires financiers et techniques pour les reformes enclenchées au plan économique après une période d’incertitude au début des années 2000, le Togo s’est résolument engagé sur la voie de la modernisation des infrastructures de transport afin de devenir une plaque tournante dans le monde des affaires en Afrique de l’ouest. Pour y parvenir, les autorités vont mettre le paquet. D’importants investissements ont été réalisés dans le secteur des transports depuis quelques années. De nouvelles routes en passant par de nouveaux quais au port autonome de Lomé (PAL) ou encore d’une nouvelle aérogare ultra moderne à l’Aéroport International Gnassingbé Eyadema (AIGE), le pays est devenu un véritable chantier permanent et les autorités ne comptent pas s’arrêter là. Désormais, le temps est à la mobilisation de ressources financières pour parfaire cette vision. C’est fort de ce constat que le pays vient d’adhérer fin décembre 2018 à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB).
Un pari osé pour faire du Togo un hub logistique
Aujourd’hui, les autorités togolaises renforcées par l’appui technique de certains partenaires ne jurent que par cette vision, qui selon elles, permettra de mettre en place un hub logistique de référence et un centre d’affaires par excellence en Afrique de l’ouest à l’horizon 2030. Pour certains analystes, le chemin semble tout tracé pour la réalisation de cette ambition. «Le pays dispose déjà de certains atouts avec des résultats de croissance assez impressionnants. Quand on dit notre économie sera le carrefour financier et logistique en Afrique de l’ouest, c’est quelque chose qui est presque le cas. Personne il y a vingt ans n’aurait prévu que le Port autonome de Lomé devienne le premier port en Afrique de l’ouest pour les conteneurs. Mais avec un bon management et beaucoup d’investissements on a assisté à ce développement. Alors quand on dit que Lomé sera un hub logistique, c’est beaucoup plus crédible parce qu’il y a déjà des éléments visibles dans le paysage qui vont concourir pour », a rappelé Lionel Zinsou, ancien premier ministre béninois et financier, qui apporte son expertise en matière de financement aux autorités togolaises. La réalisation de ce projet est plus qu’un pari osé au moment où le pays fait face à une forte demande sociale.
Des chiffres encourageants dans le secteur des transports
L’ambition affichée des autorités tire sa source des résultats élogieux obtenus dans le secteur des transports, devenu l’un des piliers de l’économie. Ceci grâce à la mise en place des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. En effet, le Port autonome Lomé, seul port en eau profonde de la sous-région, a vu ses chiffres d’affaires bondir après les travaux de construction d’un troisième quai en 2014 pour un coût total estimé à 300 milliards de FCFA environ 530 millions de dollars US. Aujourd’hui, il est devenu le premier port à conteneurs en Afrique de l’ouest avec plus de 1 193 841 conteneurs vingt pieds (EVP) traités en 2017. Selon les dernières indications du Fonds monétaire internationale (FMI), les activités ont connu une hausse de 25% au premier semestre 2018. « Le volume de conteneurs qui transite par le Port autonome de Lomé a triplé avec une augmentation de plus de 283% entre 2013 et 2017 dans un contexte où les volumes régionaux ont à peine augmenté», s’est réjoui Mme Zouréhatou Kassah-Traoré, la ministre des infrastructures et des transports qui a pris fonction début février 2019. Pour désengorger le port, un port sec est en voie de construction à l’intérieur du pays afin de desservir les pays de l’Hinterland. Pour Ahmed Awèmèwètou Haladoko, directeur commercial du PAL, l’évolution technologique et technique a contribué à la hausse des activités. «En février dernier, nous avons été classés port numéro 1 de transbordement de l’Afrique de l’ouest et du centre grâce aux innovations technologiques» a-t-il précisé. De son côté, l’Aéroport international Gnassingbé Eyadema enregistre plus de 1 million de passagers par an depuis 2017 suite aux travaux de modernisation qui ont couté la bagatelle somme de 150 millions de dollars US. Environ une quinzaine de compagnies desservent le Togo. Le réseau routier est aussi en cours de rénovation depuis 2013, ainsi qu’un important projet de liaison ferroviaire reliant le sud au nord du pays. En 2019, les autorités vont dépenser 30 milliards de FCFA environ 54 millions de dollars US pour l’entretien du réseau national routier. Les retombées économiques provenant de différents investissements réalisés dans le secteur des transports sont indéniables. Toutefois, le pays devra relever certains défis s’il aspire à devenir un hub logistique. «Aujourd’hui, nous pensons à ériger notre pays en un hub de transport international. C’est quoi alors un hub. Un hub, c’est un pivot ou un noyau de transport international. Aujourd’hui, la mer à elle-seule ne suffit pas pour faire de notre pays un hub. Il faudra mettre en place un système de transport multimodal. Ceci veut dire un système de transport qui allie au moins deux modes de transport. Le maritime et le terrestre ou le maritime et le ferroviaire ou encore le maritime et l’aérien. Mais la réalisation de cet hub nous impose beaucoup de défis tant sur le plan économique que juridique», a expliqué Stanislas Baba, ministre conseiller à la Mer du président togolais. D’autres projets sont prévus, notamment celui de la construction d’un aéroport aux environs de Tsévié, une localité située au sud du pays à environ 50 kilomètres de la capitale, ainsi que la réhabilitation de l’aéroport de Niamtougou au nord du pays pour le développement du service du fret.
Blamé Ekoué, Lomé