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Tomegah Victoire Dogbé : « Un fonds pour accompagner les jeunes Togolais »

Le chômage des jeunes demeure un casse-tête pour les autorités togolaises. Pour redonner confiance à cette frange qui représente environ 70% de la population du pays, plusieurs initiatives sont prises visant à promouvoir l’auto-emploi, dont le Fonds d’Appui pour les Initiatives économiques des Jeunes (FAIEJ) lancé en 2013. Après deux ans d’opération, comment se présente la situation de l’emploi des jeunes au Togo. ANA a recueilli l’avis du ministre du Développement à la base, de l’Emploi des jeunes, de l’Artisanat, Madame Tomegah Victoire Dogbé, à la sortie d’un atelier de formation dispensé par le FAIEJ à de jeunes Togolais.

ANA : La question de l’emploi demeure un casse-tête. Que fait le gouvernement togolais pour lutter contre le chômage des jeunes ?

Tomegah Victoire Dogbé : La jeunesse occupe une place importante dans l’action gouvernementale. On ne peut rien faire sans la jeunesse togolaise au moment où notre pays regorge de beaucoup de jeunes. Environ 70% de la population est jeune et cette frange de la population a besoin d’être accompagnée. Et c’est ce que nous essayons de faire à travers le cadre stratégique national pour l’emploi des jeunes, avec son fonds qui est aujourd’hui opérationnel. A travers ce cadre, nous essayons d’amener les jeunes à être autonomes, à se prendre en charge et se donner les moyens pour créer leur propre emploi ce qui permettra de générer d’autres emplois indirects. Et c’est dans cette dynamique que le gouvernement a créé le Fonds d’appui pour l’initiative économique des jeunes (FAIEJ) qui accompagne les jeunes Togolais.

A quoi sert concrètement ce fonds destiné aux jeunes entrepreneurs togolais ?

Le FAIEJ propose un accompagnement technique complet, c’est- à-dire que le fonds amène ces jeunes à être conscients de leur potentiel, force et atouts. En premier lieu, le fonds amène les jeunes à travailler sur les éléments de leur personnalité afin de les doter d’aptitudes positives. Ceci les amène à puiser dans leur connaissance entrepreneuriale afin que ces jeunes puissent créer des emplois. Dans cette perspective, le Fonds d’appui pour l’initiative économique des jeunes entreprend une série de formations. Nous avons commencé depuis deux ans déjà. Et l’atelier d’aujourd’hui porte sur la formation d’environ 1200 jeunes qui ont envie de créer leurs emplois. Pour créer une entreprise, on ne se laisse pas juste un matin pour le faire. Pour créer une entreprise, il faut certains outils, développer certaines valeurs et aptitudes. Au cours de ces formations, le FAIEJ fait venir d’autres jeunes bénéficiaires de ses appuis afin qu’ils puissent partager leur expérience entrepreneuriale avec d’autres jeunes pour susciter en eux l’envie d’entreprendre. Nous nous disions que les jeunes Togolais doivent être les acteurs du changement qui s’opère dans notre pays. Ils doivent participer à ce changement qui s’amorce.

Avec le FAIEJ, nous opérons tout d’abord le développement personnel des jeunes. C’est une initiative qui sert à créer un déclic auprès de chaque jeune Togolais. On doit engager les jeunes Togolais à se préparer pour leur avenir et faire en sorte que leur rêve soit une réalité.

Avec ces initiatives du FAIEJ, les jeunes arrivent-ils à sortir du carcan du chômage ?

Aujourd’hui, je suis fière de constater que les jeunes, à travers ce fonds d’appui technique et économique, sont engagés et déterminés à saisir les opportunités d’auto-emploi qui existent au Togo pour eux. J’aimerai aussi soulever ici l’un des problèmes majeurs des jeunes Togolais porteurs de projets, qui demeure le financement. Oui, on a un plan d’affaire, oui on a un accompagnement technique. Mais la question qui revient sur leur bouche, c’est « existe-il des financements pour nos projets ? »

Alors que fait votre ministère pour créer les canaux de financement de projets des jeunes ?

Je tiens à profiter de cette occasion pour les rassurer qu’il y a des financements qui existent au Togo. Pour ce faire, le Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes, dans ses propres dispositifs et mécanismes, proposent des crédits « Jeunes entrepreneurs » aux jeunes Togolais avec des taux bonifiés. Le gouvernement togolais, conscient de l’apport des jeunes dans le tissu économique, à travers le dernier produit du Fonds national pour le financement inclusif (FNFI) nommé AJSEF (Accès des Jeunes aux Services Financiers), amène les jeunes à agir en vrai chef d’entreprise pour gérer leurs projets. Avec ce nouveau produit du FNFI, les jeunes Togolais ont la possibilité, après des formations, d’accéder à des microcrédits dont le montant maximum est de 300.000 FCFA avec un taux d’intérêt de 8%.  Même pour cela, il suffit que les jeunes porteurs de projets acceptent de se mettre ensemble, de se mettre en groupe solidaire. Ils doivent aussi accepter de rester en contact permanent avec les institutions de microfinance, parce que nous sommes dans une approche de « faire faire ». Ce n’est pas le fonds national pour le financement inclusif qui va vers les jeunes pour leur octroyer les microcrédits, mais c’est plutôt les institutions de microfinance qui apportent ces microcrédits avec tous les accompagnements qu’il faut, parce que ce sont des crédits qui doivent être remboursés. Donc, 300.000 FCFA dans la vie d’un jeune qui tient à démarrer un projet, c’est important.

Quel est l’objectif du fonds national pour le financement inclusif (FNFI)?

Le FNFI a pour objectif de toucher, en 5 ans, environ deux millions de bénéficiaires en termes de créations d’emplois, d’activités génératrices de revenus, de micros, très petites, petites et moyennes entreprises. Financé actuellement sur fonds propres de l’Etat, le FNFI compte, à terme, diversifier ses sources de financement en mobilisant des Partenaires Techniques et Financiers notamment la BOAD, la BAD, la BIDC, la Banque Mondiale et le Système des Nations Unies, qui ont déjà donné leur adhésion à ce nouvel instrument au service des populations. Je vais, une fois de plus, demander aux jeunes de se mettre en groupe de deux ou trois pour bénéficier de ces opportunités de financement de projets. J’aimerai dire aux jeunes Togolais de ne pas perdre espoir et à saisir toute opportunité qui s’ouvre à eux à travers les différents programmes tels que le FAIEJ, le PRADEB, mais surtout ce nouveau produit « AJISEF », qui est une réponse concrète et pragmatique à leurs soucis de financement pour que tous les jeunes Togolais puissent faire partir de ce train de prospérité. Car la prospérité d’un pays doit être partagée et inclusive.


 

Par Emmanuel ATCHA

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