Malgré les performances économiques, une mission d’évaluation du Fmi à Lomé du 23 au 30 octobre derniers a exprimé ses inquiétudes vis-à-vis de la crise politique qui secoue le pays depuis près de trois moins.
Par Emmanuel Atcha, à Lomé
Suite à la longue traversée du désert opérée, ces dernières années, le Togo a entamé des réformes économiques dans le but de bénéficier de l’aide internationale. Condition sine qua non pour le déblocage des fonds au titre de la Facilité élargie de crédit du Fonds monétaire international (FMI). Estimée à 241,5 millions de dollars, cette enveloppe devrait servir à appuyer les réformes économiques et financières en cours dans le pays. Alors qu’une première partie a été déjà été versée, une mission d’évaluation du Fmi à Lomé du 23 au 30 octobre derniers a exprimé ses inquiétudes vis-à-vis de la crise politique qui secoue le pays depuis près de trois moins. En effet, le Togo vit une crise politique marquée par de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants aussi bien dans la capitale Lomé qu’à l’intérieur. Ces affrontements ont fait déjà beaucoup de dégâts, plus d’une quinzaine de morts et environ 200 blessés.
« Les tensions, si elles persistaient, pourraient avoir une incidence sur les performances macroéconomiques»
Cette délégation du FMI a exprimé aux autorités togolaises ses inquiétudes sur les conséquences de la crise politique en cours dans le pays. Selon elle, si celle-ci persiste, elle aura des conséquences graves sur l’économie du pays mais aussi sur les accords. « L’économie togolaise pourrait faire face à des risques malgré les perspectives à moyen terme globalement positives. Les tensions, si elles persistaient, pourraient entamer la confiance des consommateurs et des investisseurs et, par conséquent, avoir une incidence sur les performances macroéconomiques», précise le communiqué publié par l’équipe conduite par Ivohasina Razafimahefa. Pour lui, malgré les perspectives à moyen terme globalement positives grâce à la hausse attendue de la productivité qui a été favorisée par la modernisation récente des infrastructures et par les financements extérieurs obtenus à des conditions favorables, l’économie togolaise pourrait connaître rapidement des contreperformances dues à la perte de confiance des investisseurs.
Des performances à saluer
Le FMI et les autorités togolaises ont tour à tour reconnu que le Togo a fait des progrès sur le plan réforme économique et financier. Pour le chef de mission de l’équipe du FMI, Ivohasina Razafimahefa l’activité économique au Togo a progressé à un rythme modéré au premier semestre de 2017 et après s’est accompagné d’un faible niveau d’inflation. « Le taux de croissance économique en fin d’année devrait se situer légèrement en deçà de 05%. Le taux de croissance économique en fin d’année devrait se situer légèrement en deçà de 5% alors que le taux d’inflation nominal en glissement annuel se situait à -2,5% en juillet 2017, sous l’influence de la baisse des prix des denrées alimentaires », a-t-il témoigné. Selon lui, les autorités togolaises « déploient de grands efforts pour aligner le projet de budget 2018 sur leur programme de réformes économiques appuyé par l’accord de Facilité élargie de crédit ». Des réformes qui visent un assainissement plus poussé des finances publiques avec un déficit budgétaire primaire prévisionnel de 0,2% du PIB. Cette consolidation sera réalisée grâce à une augmentation des recettes ainsi qu’à une réduction des investissements financés sur ressources intérieures en pourcentage du PIB. Intervenant incontournable dans le débat, le ministre Sani Yaya, de l’économie et des finances du Togo, a confié que la dette publique se situe désormais à 71,9% du PIB à fin octobre contre un ratio de 80% annoncé au 31 décembre 2016.
La dette publique du Togo pourrait baisser de 76,0% du PIB en 2017 à 56,4% à l’horizon 2021
« Le gouvernement est résolument engagé dans la mise en œuvre des réformes structurelles, afin de redynamiser l’économie pour parvenir à une croissance soutenable pour un développement inclusif du Togo », a déclaré Sani Yaya. Le FMI a annoncé qu’avec cette nouvelle orientation budgétaire, la dette publique du Togo pourrait baisser de 76,0% du PIB entre 2016-2017 à 56,4% à l’horizon 2021.