Sommet UE-Afrique « L’Afrique doit être au cœur de la politique étrangère de la France et de l’Europe ! »
A la veille du Sommet UE-Afrique, qui doit se tenir les 29 et 30 novembre prochain à Abidjan, Alain Dupouy*, ancien Mr Afrique d’Alain Juppé, président du Club « Objectif Afrique Avenir O2A », interpelle les dirigeants européens et africains sur l’opportunité que leur offre ce RDV majeur pour donner un nouveau souffle au partenariat UE-Afrique.
Voilà un Sommet qui tombe à point nommé. Le Sommet UE-Afrique sera organisé à Abidjan les 29 et 30 Novembre prochain. Les dirigeants auront-ils le courage de « se dire les choses », d’aplanir les contradictions, d’exposer leurs points de vues respectifs, sur les thèmes forts, soutendus par le thème général « l’avenir de la Jeunesse Africaine » ? Cette immense jeunesse en attente, volontaire mais souvent dépitée, en recherche d’emploi ou d’entreprenariat, au risque d’être tentée, sinon, par des déviances délinquantes, dans certains pays, par les milieux même terroristes…
L’Union Européenne et l’Union Africaine , ou plus largement l’Afrique , sont des partenaires liés de longue date , d’abord par l’histoire puis par des relations économiques fortes , des liens en matière de défense de la Paix et de la Sécurité , d’aide au développement , et d’aide humanitaire.
C’est aujourd’hui un moment « charnière » pour évoquer, ensemble, une remise en question de ces relations aux fins de leur amélioration, ou d’en positiver les objectifs.
L’Union Européenne attend cette année , et cette Rencontre, pour en faire un moment décisif , pour revisiter cette relation et l’approfondir , en faisant fi des divergences , voire des désaccords du passé , même récent ( comme en 2016 ) , qui auraient pu freiner une saine coopération .
Il est temps de dépasser tout cela , il est temps de s’entretenir , sans « non dits » , en toute franchise et transparence , sur tous les points qui peuvent faire débat , et au contraire déboucher sur la mise en lumière des intérêts stratégiques communs , pouvant lancer ce nouveau départ .
Il est grand temps, en 2017, de retrouver cette confiance de partenaires, qui ont, chacun, eu à faire face à des évolutions récentes : l’UE, aux prises avec la crise des migrations à canaliser, avec la sortie du Royaume Uni, avec le besoin de clarifier son organisation en terme de Défense.
L’UA , au début d’une refonte institutionnelle , d’interrogation sur son propre rôle en matière de défense et de sécurité , de relation avec les Communautés Economiques Régionales , de sa propre organisation de financement lui conférant une meilleure indépendance .
Le tout , dans un contexte particulier : une jeunesse effervescente et imaginative , on l’ a dit ; certains pays en crise de gouvernance , ou en crise sécuritaire provoquant instabilité et inquiétude , parfois inattendue ( comme au Togo ) , ou encore victimes , pour d’autres, d’un terrorisme omniprésent , et enfin une incertitude , après la fin des Accords de Cotonou en 2020 , au sujet du devenir du traitement de l’Aide au Développement .
Alors oui, c’est de tout cela qu’il faudra oser parler à Abidjan, avec courage et détermination ! Les dirigeants Européens, ensemble, et pas seulement menés par le couple Franco Allemand, auront à ouvrir le débat avec tous leurs homologues Africains, regroupés dans l’UA pour prendre en compte le socle que représentent les objectifs de l’Union Africaine dans leurs débuts d’exécution de leur ambitieux Agenda 2063, plein de bonnes intentions. Le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, et demain le Président de l’UA, le Président Rwandais Paul Kagamé s’efforceront de mettre en œuvre cet Agenda, pour une meilleure efficacité, une semi indépendance financière – si toutefois les Pays Membres obéissent au projet de reversement des 0.2% du montant des importations de certains produits –, une situation pacifique et sécuritaire en amélioration.
Ce Sommet sera donc le cadre où des décisions devront se prendre : comment équilibrer les partenariats financiers entre les 2 Unions , afin de parvenir à une participation plus significative de l’UA , en faveur des intérêts communs de chacun , et notamment sur le thème de la Sécurité et de la Paix ? Les 2 Commissions sont d’ores et déjà dans le même état d’esprit, et particulièrement les Africains pour que leur propre contribution les libère en quelque sorte d’une vieille dépendance « coloniale » ?
L’autre question essentielle devra être : comment répartir en Afrique , avec l’Union Africaine , avec les Pays Membres , les Communautés Economiques Régionales , les aides au développement Européennes , une fois mieux coordonnées par l’Union Européenne , et comment décider en faveur de quels thèmes les consacrer ou les répartir ? Sur ce point l’objectif sera aussi que l’Europe (et la France) prenne toute sa place dans le Développement.
L’orientation militaire, en terme de présence sur les théâtres de guerre, devra t elle être partiellement transférée sur des instruments de prévention (équipements et formation) ? Les crédits émanant d’AFD ou centralisés par la FED , après révision ou refondation des ex Accords de Cotonou , seront-ils davantage utilisés sur des Projets du Secteur privé , comme les y invitent les auteurs du livre « le Pacte Africain », incitant au Dialogue des Etats avec le Secteur Privé ? Garder à l’esprit que l’expansion des économies Africaines se fera en facilitant l’industrialisation, et notamment par la transformation sur place, en Afrique.
Il s’agira donc de redessiner les contours du cadre de ces relations, sans oublier de prévoir qu’avec le temps, le modèle ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) soit considéré «périmé ».
Ce Projet « Unioniste » n’effacera pas la possibilité d’évoquer aussi des partenariats « bilatéraux » , on pense notamment à la France , qui souhaite retrouver sa place dans les échanges commerciaux , fort du rôle qu’elle joue en faveur de la Sécurité, d’être la tête de pont de cette Diplomatie Economique , à un moment où l’Europe présente une Allemagne déterminée et volontaire ( Plan Marshall) , et où les pays émergents ont gagné du terrain , notamment la Chine , pas toujours à l’avantage de l’Afrique.
Le Sommet devra consacrer, à son issue, le souhait du Président Français Emmanuel Macron : « l’Afrique doit être au cœur de la Politique Etrangère de la France et même de l’Europe ».