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Russie 2019, année africaine

Une série d’événements consacrés aux relations russo-africaines se tiendra en 2019 annonce la fondation Roscongress qui œuvre en faveur de la promotion de la Russie. Dont un forum Russie-Afrique en octobre 2019 à Sochi. Objectif : renforcer, ou plutôt réorienter, la présence des investisseurs russes sur le continent.

Par Bilkiss Mentari

Après la France, la Chine, le Japon, les États-Unis ou encore la Turquie, la Russie organise à son tour un forum dédié à l’Afrique. Annoncé en octobre prochain, le premier forum Russie-Afrique se tiendra à Sochi dans le cadre du Sommet Russie-Afrique, annonce la fondation Roscongress qui œuvre en faveur de la promotion de la Russie. Une décision prise à l’issue de la rencontre entre Anton Kobyakov, conseiller du président russe, et le professeur Benedict Oramah, président et président du conseil d’administration de la Banque africaine d’exportation et d’importation, Afreximbank (NDLR : dont la Russie figure parmi les actionnaires). « Les chefs d’États africains et des représentants d’organisations commerciales et gouvernementales russes, africaines et internationales, ainsi que d’associations d’intégration sur le continent africain, participeront à cet événement, peut-on lire sur le site de Roscongress. Une réunion plénière et une série de tables rondes et de tables rondes seront organisées dans le cadre du forum professionnel ainsi qu’une plate-forme pour les réunions professionnelles.

LA RUSSIE

« Le développement des relations entre la Russie et l’Afrique est stratégiquement important et mutuellement bénéfique »

Une rencontre loin d’être isolée, d’autres évènements axés sur le partenariat russo-africain se tiendront au cours de l’année 2019, une année africaine voulue par le Kremlin. « Le développement des relations entre la Russie et l’Afrique est stratégiquement important et mutuellement bénéfique. Le potentiel économique de la coopération entre pays est particulièrement pertinent et prometteur, a déclaré Kobyakov. Les événements à venir seront uniques dans l’histoire des relations entre la Russie et les pays du continent africain. Ils traceront le vecteur du développement futur des contacts bilatéraux et multilatéraux pour les décennies à venir. Je suis convaincu que la tenue de telles réunions au niveau interétatique deviendra une tradition et aidera à établir et à renforcer les contacts commerciaux russo-africains ». Et Oramah de souligner : « La Russie a toujours été un partenaire très fort et a toujours soutenu l’Afrique, notamment dans le cadre de sa lutte pour l’indépendance. Ce partenariat a duré de nombreuses années et nous sommes heureux de renouer avec une nouvelle vigueur avec le gouvernement de la Fédération de Russie. Nous sommes donc très heureux que Moscou soit l’hôte de la réunion annuelle des actionnaires d’Afreximbank. À l’heure actuelle, l’Afrique est vraiment très pressée et se dépêche de se développer. Nous savons que la Russie dispose des capacités nécessaires et, surtout, de l’expérience et du professionnalisme de ses habitants, qui peuvent l’aider et la soutenir. La tenue de ces événements donnera un élan supplémentaire au développement des opportunités de commerce et d’investissement de nos pays ».

Annulation de 20 milliards de dollars de dettes

Alors qu’une première table ronde russo-africaine sur l’énergie a eu lieu pendant la Semaine russe de l’énergie en 2018 et que l’Afrique est traditionnellement présente lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, cette fois, sous l’égide du ministère russe de l’Industrie et du Commerce, le ministère russe des Affaires étrangères, le Centre des exportations russes, la Fondation Roscongress et la Banque africaine d’exportation et d’importation, le forum a vocation à renforcer la coopération russo-africaine, voire de la réorienter. « Il y a beaucoup de potentiel pour la coopération militaro-technique et industrielle russo-africaine, selon le ministre de l’Industrie et du Commerce de la Fédération de Russie, Denis Manturov. Les entreprises russes sont capables de renforcer leurs propres positions sur le marché africain en utilisant correctement leurs avantages. Nous nous attendons à ce que les industriels russes manifestent un intérêt croissant pour cette région. En tout cas, nous ferons tout notre possible pour cela ».

La Russie est « en retard et arrive après les Européens, les Américains et les Asiatiques »

De fait, et notamment pendant la Guerre Froide, la Russie a toujours exercé une certaine influence en Afrique. Mais si la coopération a très longtemps été axée autour du thème de la sécurité, désormais il s’agit de changer d’approche et de diversifier cette présence, y compris sur le plan économique. Un virement de cap marqué par des mesures plus que symboliques. A commencer par l’annulation de dettes contractées auprès de Moscou par un certain nombre de pays du continent à hauteur de 20 milliards de dollars, la signature d’accords de coopération militaire et industrielle, et la multiplication des visites officielles de délégations russes en Afrique. « La Russie veut non seulement rétablir la situation qu’elle avait mais aussi accroître ses relations avec l’Afrique, dans un respect mutuel », indiquait lors d’un déplacement sur le continent le représentant spécial du président Poutine pour le Moyen Orient et l’Afrique,  le vice-ministre Mikhail Bogdanov, avant d’admettre que son pays est « en retard et arrive après les Européens, les Américains et les Asiatiques ».

18 milliards de dollars d’échanges commerciaux

De fait, derrière les 60 milliards d’investissement promis par Pékin, la Russie fait office de « petit partenaire », mais son influence, historique, lui donne l’ambition, et les connexions nécessaires, pour se repositionner comme un investisseur économique, dans les secteurs de l’énergie notamment, mais également de l’agriculture, ou encore de l’industrie. « Moscou ne veut plus apparaitre, seulement, comme un marchand d’armes en Afrique, observe un acteur publique ivoirien. Comme les autres, elle veut désormais conquérir des marchés sur le continent et n’hésite pas à l’afficher. » Une nouvelle visibilité loin de surprendre sur le continent, bien au contraire. Égypte, Éthiopie, Soudan, RCA, RDC, ou encore Burkina Faso, sans oublier l’Algérie, son plus gros client sur le continent, la Russie, avec 18 milliards de dollars d’échanges commerciaux, poussée par les sanctions économiques dont elle fait l’objet en Occident, tissent sa toile sur le continent, et s’affirme comme un partenaire « influent ».  

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