La Banque mondiale a publié son rapport sur la situation économique du Sénégal. Il ressort de ce document que la dette publique et celle extérieure du Sénégal ont connu une hausse spectaculaire durant ces cinq dernières années.
C’est un séisme de magnitude 4 qui vient de frapper le Sénégal. Alors que l’on croyait que l’économie sénégalaise était sur une rampe de lancement, la Banque Mondiale vient étaler le grand chantier qui reste à faire pour atteindre la voie de l’émergence chantée par les pouvoirs publics. En effet, selon ce rapport, le ratio du montant total de la dette publique et de la dette extérieure du Sénégal ont connu une hausse fulgurante.
“Le ratio du montant total de la dette publique par rapport au PIB a atteint 47% en 2013, soit près du double du ratio de 24,5% enregistré en 2008, renseigne le rapport avant de poursuivre. Avec ce ratio, l’encours du montant total de la dette publique extérieure et de la dette garantie par l’Etat est passé d’environ 20% du PIB en 2008 à environ 32% en fin 2013. Le ratio de la dette du Sénégal par rapport au PIB est resté élevé par rapport à la plupart des pays de l’UEMOA”. Autrement dit, le Sénégal est dans la même situation qu’avant 2008 ou la dette du pays avait été allégée au titre de l’initiative d’allégement de la dette multilatérale consentie par l’institution mondiale pour les pays pauvres très endettés. Si le Sénégal est retombé dans ses travers, c’est, selon le rapport, la propension des autorités locales à (trop) recourir aux marchés internationaux des capitaux.
De manière précise, le rapport fustige cette alternative : “le document fait savoir qu’un emprunt obligataire en euros de 200 millions de dollars a été émis en 2009. Deux ans plus tard, il a été racheté par un emprunt obligataire en euros de 500 millions de dollars au taux de 8,75% sur une période de dix ans. Un autre emprunt obligataire en euros de 500 millions de dollars initialement prévu pour 2013 a été repoussé jusqu’en 2014 à cause de la hausse des taux d’intérêt . A la place, un montant équivalent a été tiré sur le marché régional par le biais d’un crédit syndiqué avec la banque Atlantique du Maroc. Même si 60 % étaient libellés en francs CFA avec une maturité de sept ans, environ 40% ont été libellés en euros avec une année seulement de maturité, quand il est devenu clair que le marché régional ne pouvait absorber la totalité du montant.
Malgré ces constats alarmants, le Sénégal ne figure pas encore sur la liste des pays surendettés. Tout de même, prévient le rapport de la Banque Mondiale, la situation “pourrait changer si l’emprunt non concessionnel venait à augmenter sensiblement ou si la croissance économique venait à basculer”.