Il y a quelques semaines, Xaalys, « argent » en wolof, la première néo-banque pour les 12-17 ans, est arrivée sur le marché français. Outil d’émancipation des adolescents, cette innovation technologique et sociale est portée par Diana Brondel. A 37 ans, cette franco-sénégalaise, résolument afro-européenne, ambitionne, après un parcours au sein du secteur bancaire français, d’aller à la conquête du monde
Propos recueillis par DBM
Avant de parler de Xaalys, parlez-nous de vous. Votre petite histoire, vos rêves de petites filles, votre parcours…
Je m’appelle Diana, j’ai 37 ans. Je suis maman de deux garçons de 7 ans ½ et
4 ans ½ qui sont mes rayons de soleil. Je suis née en Allemagne et y ai
vécu une dizaine d’années, j’ai passé quelques années à Dakar mais
l’essentiel de ma vie d’enfant et d’adulte en France. Petite fille, je rêvais d’être princesse avant de me rendre compte que cela n’était pas un métier ! Je me suis finalement orientée vers les classes préparatoires et une école de commerce, je suis sortie diplômée de l’ESCP Europe en 2006 puis ai intégré le Groupe Société Générale. J’y ai effectué un parcours d’inspecteur bancaire sillonnant le monde et les activités du Groupe pendant plus de 7 ans puis ai été nommée directeur de cabinet de toutes les activités à l’international du Groupe Société Générale. J’ai quitté la Banque au bout de dix ans de bons et loyaux services.
Présentez-nous Xaalys, et dans quelle mesure s’agit-il d’une innovation à la fois technologique et sociale ?
Xaalys est la première néo-banque dédiée aux adolescents. Elle part d’un
constat simple : les adolescents sont autonomes de plus en plus tôt et plus
de 93% des jeunes adolescents français reçoivent leur premier smartphone à l’âge de 11 ans. L’idée de Xaalys était de créer un outil de gestion des
flux du quotidien pour les jeunes (argent de poche, étrenne, cadeaux, etc.)
et les accompagner non seulement dans la gestion de ses flux mais aussi dans l’acquisition d’une indépendance financière progressive.
Xaalys est construite comme deux applications en une. Avec une Tour de contrôle parental pour le parent qui permet de dire combien, quand, et où l’enfant peut dépenser. Le parent décide ce qu’il a envie de suivre ; un espace pour l’enfant pensé avec ses codes (de l’iconographie, des modules simples) qui lui permet de réaliser des cagnottes, des stratégies d’épargne et de bénéficier également de contenu pédagogique dans le cadre du partenariat que nous avons signé avec un acteur public, la Finance pour Tous, association de loi 1901 qui a pour mission d’améliorer le niveau de culture financière des français.
Actuellement Xaalys est opérationnel ?
Xaalys opère depuis le 17 avril 2019. Nous commençons à avoir de la
traction, les adolescents et les parents ouvrent des comptes et les
premières cartes sont en circulation. Nous sommes en train de préparer un
challenge avec de jeunes adolescents pour recruter nos futures cohortes d’ «
ambassadeurs », jeunes qui auront vocation à incarner la marque à mes côtés et nous aideront à améliorer le produit.

Quel est le marché visé ?
Nous visons dans un premier temps le marché français, dans un second nous souhaiterions travailler sur l’internationalisation de notre offre d’abord vers l’Europe Continentale puis vers d’autres géographies. Xaalys voulant dire argent en « wolof », une incursion sur le continent africain ferait sens par rapport à l’histoire que nous écrivons.
Vous appartenez à cette diaspora africaine présente en France. Vous
considérez-vous comme un trait d’union entre la France/l’Europe et l’Afrique ?
Je me considère comme un trait d’union à plusieurs titres. Je suis sénégalaise car j’y ai non seulement des attaches professionnelles avec l’équipe technologique de Xaalys qui y est basée mais surtout familiales. Je suis née en Allemagne et y ai passé mes jeunes années donc je me sens profondément européenne, parlant l’allemand couramment. Et je suis française non seulement de nationalité mais également d’éducation, j’y ai fait toutes mes études, y ai fondé ma famille. Mes enfants sont métisses, ils se sentent africains et aussi français. Ils se sentent à l’aise et chez eux en France et au Sénégal. Nous les ouvrons avec leur père, à leurs deux cultures car nous considérons que c’est une chance et une énorme richesse pour eux. S’il en fallait une preuve, mon fils aîné nous a déclaré qu’il voulait devenir Président de la république mais qu’il ne savait pas encore si ce serait en France ou au Sénégal…