Cart’Afrik Ghana, pari sur le tourisme culturel
La stabilité politique dont jouit le Ghana depuis l’avènement de la démocratie en fait une destination privilégiée pour les touristes. Avec une croissance d’environ 17%, le tourisme fait partie des secteurs à forte croissance avec un énorme potentiel de création de richesse et d’emplois du pays. Selon le Conseil mondial du tourisme et des voyages (WTTC), l’industrie du tourisme représentait 7,2% du produit intérieur brut (PIB), en 2013.
Soucieux de l’importance que revêt ce secteur dans l’économie du pays, les autorités ghanéennes ont élaboré le Plan national pour le développement du tourisme (NTDP) couvrant la période 2013-2027. Ce plan national, défini en trois phases, vise à diversifier le secteur du tourisme pour en faire l’un des maillons forts de l’économie du pays. Désormais, l’écotourisme et le tourisme culturel ont pris le dessus dans le secteur, malgré la forte progression enregistrée avec le tourisme des affaires, depuis la découverte de l’or noir. Pour les autorités du pays, ces deux types du tourisme permettront non seulement de créer beaucoup plus d’emplois directs et indirects dans les communautés à la base, mais aussi aideront à restaurer l’écosystème et les richesses culturelles du pays. Pour y parvenir, toute une panoplie de mesures ont été élaborées afin d’associer les communautés à la base à cette nouvelle vision touristique. « Nous avons recruté plus de personnel au sein de l’organisation en charge du secteur. Nous avons aussi renforcé leurs capacités tout en créant des agences partout où il y a un potentiel touristique. Donc, on travaille avec les communautés à la base et nous les mobilisons pour le développement des ressources touristiques », a indiqué Sampson Donkoh, directeur général adjoint de l’Autorité du tourisme du Ghana (GTA), la structure qui pilote le plan national pour le développement du tourisme.
Une vingtaine de sites mis en valeur pour l’écotourisme
Environ une vingtaine de sites touristiques prennent part à cet ambitieux projet, depuis 2013, sur tout l’ensemble du territoire. Du sanctuaire des singes de Boabeng-Fiem, le site par excellence des amoureux de la nature, au sanctuaire Wechiau Hippo au nord-ouest du pays, en passant par les terres humides de Western Region et le sanctuaire des crocodiles de Paga, tout est mis en œuvre pour attirer des touristes amoureux de la nature. La Volta Region disposant de la topographie la plus variée du Ghana joue aussi un rôle important dans ce plan directeur à travers ses différents sites dédiés à l’écotourisme tels que le sanctuaire des signes sacrés de Tafi Atomé et ses pléthores de cascades et forets autour du pic d’Amedzofe situé sur les monts Afadjato. Les chutes d’eau de Wli, la plus grande cascade en Afrique de l’Ouest, sont aussi mis sous les coups de projecteurs pour vendre la destination Ghana. Le parc national de Kakum et les réserves d’Assin Attandanso couvrant une superficie d’environ 350 km2 sont aussi mis à profit dans cette nouvelle politique des autorités ghanéennes avec l’organisation des safaris. « Ces sites existaient depuis des années mais l’Etat essaie aujourd’hui de mettre les coups de projecteurs sur ces endroits. Désormais, on vend ces destinations à travers des documentaires qui sont diffusés partout dans le monde. L’objectif visé ici, c’est de faire en sorte qu’il y ait une grande visibilité du Ghana dans le monde à travers ces images », a laissé entendre le directeur général adjoint de l’Autorité du tourisme du Ghana (GTA).
Le tourisme culturel en hausse au Ghana
A l’instar de certains pays tels que le Sénégal, le Nigeria et le Bénin en Afrique de l’Ouest, le Ghana est une terre d’attraction pour les touristes culturels. Cet atout a également été pris en compte par les autorités ghanéennes dans leur vision de diversification des activités du secteur. Ainsi, plusieurs monuments historiques et culturels ont été réhabilités depuis 2013. Des sites esclavagistes du Fort Printeinstein à Kéta, Fort de Cape Coast (castle) ou le château d’Elmina, classé patrimoine mondial par l’UNESCO, en passant par les festivals traditionnels, les autorités du pays ont mis le paquet double pour attirer un flux important de touristes. « On ne peut passer sous silence les atouts de certains monuments historiques et vestiges de l’esclavage qui sont les principaux sites d’attraction des touristes au Ghana. Le Ghana a élaboré une politique de communication de masse autour de ces sites pour accroitre leur visibilité tant au plan national qu’international afin d’attirer plus de visiteurs. Le pays veut capitaliser sur son passé historique comme c’est le cas avec l’Ile de Gorée au Sénégal », a expliqué John Kwesi, un consultant en tourisme de loisir. Pour sa part, Elizabeth Ofosu Adjare, la ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, pense que des initiatives telles que le carnaval de la culture et des arts créatifs, prévu durant ce mois de juillet 2016, pourra permettre de rehausser le tourisme : « L’instauration du concept de carnavals au Ghana est une preuve des efforts consentis par le ministère visant à trouver des moyens innovateurs pour booster le paysage touristique et promouvoir le tourisme domestique ».
Les autorités ghanéennes mettent la barre haute
Selon l’Autorité du Tourisme du Ghana, le pays a enregistré environ 930.000 de visiteurs en 2014 contre 1 million en 2013. Cette baisse est imputable à la mauvaise situation économique mondiale et l’épidémie à virus Ebola qui a sévi dans la région à partir de décembre 2013. Mais le secteur a enregistré une hausse en 2015 avec environ 1,2 million de visiteurs. Malgré ce résultat, la structure en charge du secteur au Ghana vise loin. En effet, le GTA ambitionne d’attirer 2,45 millions de visiteurs par an, en 2022, pour ensuite passer à 4,32 millions de visiteurs par an à partir de 2027, après l’exécution des différentes phases du plan national. Le plan national projette de doubler les revenus issus du secteur en passant de 4,69 milliards de dollars en 2022 à 8,38 milliards de dollars en 2027. « Nous sommes convaincus que nous pourrions atteindre notre objectif. On peut même l’atteindre avant ces dates, si la stratégie mise en place dans le secteur du tourisme au Ghana est entièrement exécutée, en particulier si les services standards et le potentiel industriel sont tirés vers le haut par la mise en place des écoles de formation en tourisme », a expliqué Sampson Donkoh. Le pays s’est également doté d’un fonds pour le développement du tourisme (TDF) qui est financé en partie par un prélèvement de 1% sur toutes les taxes payées par les entreprises opérant dans le secteur au Ghana. Ce fonds finance le développement des sites touristiques, les infrastructures, la formation en entrepreneuriat touristique et le renforcement des capacités de acteurs du secteur. Les retards accusés par le Ghana dans le domaine de l’écotourisme et le tourisme culturel demeurent certes grands par rapport aux acquis des ténors tels que le Kenya, l’Afrique du Sud. Cependant, la volonté affichée par les autorités à travers le Plan national pour le développement du Tourisme (NTDP) augure un lendemain meilleur pour ce secteur qui a créé environ 320.000 emplois directs et indirects, soit 5,8% du taux d’emploi général généré, ces deux dernières années au Ghana. Déjà, les grands groupes hôteliers et compagnies aériennes sont en train de s’implanter au Ghana.