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Interview Jean-Baptiste Satchivi : « L’Afrique ne doit pas se misérabiliser. La richesse est là ! Dans nos terres, nos jeunes et nos femmes »

Pionnier dans l’agro-business en Afrique de l’Ouest, Jean-Baptiste Satchivi, PDG d’Agrisatch et président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin, est un exemple en matière d’entreprenariat en Afrique. En exclusivité pour ANA, il revient sur son parcours, ainsi que sur les défis de l’Afrique…

Propos recueillis par Mérième Alaoui à Paris 

Vous êtes un pionnier dans l’agro-business. Comment évolue votre groupe Agrisatch ?

Je suis l’actuel président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin après avoir été dans un passé récent, président de la Chambre consulaire régionale de l’UEMOA. Et dans ma vie de tous les jours, je suis chef d’entreprise, P-DG d’Agrisatch. Cela fait trente ans que j’officie au Bénin, dans l’agro-alimentaire. Nous sommes partis de l’importation et depuis une quinzaine d’années, nous avons entamé une métamorphose pour produire localement. Aujourd’hui, nous sommes les premiers producteurs de volailles au Bénin avec 180 000 tonnes par jour. Nous avons commencé à produire de la chaire avec une destination que nous voulons sûre :  le marché du Nigéria qui compte 200 millions de consommateurs, par rapport à notre marché de 11 100 millions. Grace à notre expérience acquise ces trente dernières années, nous connaissons bien ce marché, c’est un circuit plus ou moins bien maîtrisé. Aujourd’hui, les Nigérians ne veulent plus de réexportations. Ils demandent que nous leurs envoyons directement les produits. Nous sommes donc dans un modèle économique passé de l’importation à la production locale.   

C’est à ce titre que vous participiez, à Paris, aux Rencontres Africa. Dans l’espoir de signer de nouveaux partenariats ?

En effet, je cherche des partenaires techniques et financiers. Nous nous sommes rendu compte qu’à ce niveau d’activité, il faut bonifier les risques et avoir davantage de professionnels qui poursuivent l’aventure avec nous. Il se trouve que notre groupe est en pleine restructuration après la crise venue de l’est, la chute des cours du pétrole, le naira dévalué. Les entreprises du Bénin, très liées au business avec le Nigéria, y ont laissé des plumes. Donc il faut restructurer. Nous sommes dans la production d’œufs et de chaires. Sachant que le Bénin est très bien situé par rapport au marché sous régional. Nous venons d’avoir les agréments CEDEAO. Nous sommes dans un programme qui nous permettra à terme de produire pour le marché local et régional. Je cherche donc un partenaire, ici, dans ce grand marché, qui attire de nombreux visiteurs français et européens mais également d’Afrique du Nord.

Vous vous présentez comme un optimiste, qui croit en l’Afrique, en son agriculture et mise sur ses femmes. Quels sont les défis à venir ?

L’Afrique pour moi est un eldorado agricole. Pourquoi ? Parce que c’est un continent d’avenir. Ce ne sont pas que des mots, mais des besoins et des actions. Dans 30 ans, la population va doubler, ce qui va entraîner des besoins vitaux. En termes de formation, de besoins alimentaires, de logements… et même de comportements vestimentaires. Quand on dit que l’Afrique n’a pas de culture vestimentaire c’est qu’on produit du coton mais on ne le transforme pas, on est obligé d’importer le tissu ailleurs. Il est vrai qu’on a hérité d’une économie extravertie. Regardez comment je suis habillé, en costume parce que je suis en Europe, c’est plus pratique. Mais au Bénin, je suis ambassadeur du pagne tissé et avec mes tailleurs nous créons des modèles. Il est important que l’Afrique aujourd’hui apporte quelque chose dans ce foisonnement culturel mondial. A travers la culture, l’art culinaire, la danse… Il ne faut pas voir seulement l’Afrique qui danse beaucoup, pour reprendre ce président un peu illuminé. Cela a développé beaucoup de comportements culturels. Parce que quand on parle de danse on parle de comportement culturel. Ces viviers culturels portent l’avenir. On doit travailler en synergie. Pour moi l’Afrique ne doit pas se misérabiliser. No way ! Je ne suis pas dans cette démarche. La richesse est là. Dans nos terres, nos jeunes et nos femmes ! Ces dernières ont un potentiel encore sous-exploité. Nous sommes capables d’autres choses. Nous avons besoins d’emplois pour nos jeunes et nos femmes. Et ces emplois sont dans l’agriculture. J’en suis persuadé.


 

Propos recueillis par Mérième Alaoui à Paris

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