Interview Demi Oluwasina : « Nos étudiants montrent de grandes capacités d’adaptation »
Demilade Oluwasina, est le directeur des programmes International Business & Trade Faculty and Digital Economy dans l’African Leadership University du Rwanda. Il revient sur ces derniers mois universitaires agités par la crise sanitaire mondiale et aussi sur ce que la rentrée réserve aux étudiants.

Qu’est ce que l’African Leadership University ?
L’African Leadership University (ALU) est un institut de hautes études basé au Rwanda. ALU fait partie du groupe AL et a développé des approches pionnières pour l’éducation des compétences du 21esiècle dans les études supérieures. L’université est créditée par le conseil des hautes études (HEC) avec une priorité donnée aux apprentissages autour de l’entrepreneuriat et du leadership. Notamment en donnant à nos élèves une façon de penser comme des entrepreneurs. En rassemblant dans notre communauté la quasi-totalité des pays africains, nous avons énormément de retour et d’outils pour former nos étudiants à résoudre les défis de notre continent.
Qu’est ce qui rend les programmes d’ALU uniques pour préparer les étudiants ?
Nos programmes sont réalisés pour le monde du travail. Nous nous concentrons sur les compétences de nos étudiants ce qui leur permet de pouvoir s’adapter même lorsque le monde change complètement comme actuellement. Nous encourageons nos étudiants à travailler sur des projets expérimentaux, des projets « de la vraie vie », dans lesquels ils sont en contact avec des entreprises et des organisations africaines pour être sûr qu’ils auront ce qu’il faut pour travailler à leur sortie. Par exemple, lors des vacances scolaires entre mai et septembre, les élèves doivent faire des stages en entreprise pendant 8 à 12 semaines. C’est un moment important pour qu’ils puissent découvrir le monde du travail tout en apprenant et développant certaines de leurs capacités.
Comment vos étudiants vivent-ils leurs études pendant l’épidémie ?
Nos étudiants montrent de grandes capacités d’adaptation. Beaucoup d’entre eux réalisent par exemple leur stage à distance et d’après leurs retours, ce n’est pas si différent de ce qu’ils ont pu faire lors de leur cours. Certains de nos étudiants ont également lancé des projets afin d’endiguer les défis causés par la crise du Covid-19.
Et vous l’université, comment l’épidémie vous a affecté ?
Comme toutes les écoles, nous avons énormément de projets en attente, notamment tous ceux qui demandaient une présence physique et qui ont été stoppés avec la fermeture de l’université. Je pense notamment à certains projets des premières années qui ont des heures spécifiques durant lesquels ils se retrouvent et travaillent ensemble. Pour nous adapter aux nouvelles normes, nous avons d’abord suspendu toutes les visites d’intervenants externes, ajouté des désinfectants pour les mains sur tout le campus et avons intensifié le nombre de nettoyages. Une fois la décision de l’évacuation du campus prise, nous sommes passés au cours en ligne. Pendant les deux semaines qui ont suivies la fermeture du campus, nous avons dû nous ajuster et mettre en ligne de nombreux contenus. Nous nous sommes assuré d’offrir à temps la fin de l’année académique comme nous le souhaitions. Nous sommes passés aux cours en ligne grâce au travail commun des étudiants et de certains médiateurs pour que cela se passe au mieux. Nombre de nos élèves sont repartis dans leur pays. Cela rend compliqué pour certains d’entre eux de suivre ces cours, puisque tous ne profitent pas d’une connexion de qualité.
Comment enseigner après la réouverture de l’école ?
Nous cherchons toujours des solutions pour respecter les règles comme pour pratiquer la distanciation sociale pendant les cours par exemple. La flexibilité sera importante et nous devons tirer des leçons de nos expériences avant et après la fermeture du campus en mars. On espère pouvoir avoir des cours en ligne et en classe. Même si tout sera disponible sur notre plateforme en ligne puisque certains de nos étudiants sont dans leur pays d’origine et ne pourront certainement pas les quitter à cause de la pandémie. Nous avons aussi des méthodes pour enregistrer les cours et leur permettre de les suivre. On espère que ce sera assez pour que nos étudiants puissent terminer leurs études.
Votre but de former 3 millions d’entrepreneur en Afrique avant 2035, est-il toujours d’actualité ?
Oui, notre objectif est toujours là. C’est un défi et comme on dit « on fait des choses difficiles ». Nous l’avons même ajouté à nos 14 défis pour lesquels nous formons les étudiants. Les méthodes vont certainement changer pour former ces entrepreneurs de demain, mais la mission doit continuer et continuera.