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Interview Alioune Gueye- Hub Africa-« L’entreprenariat attire ! »


Les 12 et 13 juin, Casablanca accueille la 7ème édition d’Hub Africa. Plus qu’un évènement, une plateforme dédiée à accompagner les start-up africaines. Explications avec Alioune Gueye, président de NGE Impact, organisateur de Hub Africa.


Vous organisez la 7ème édition d’Hub Africa les 12 et 13 juin à Casablanca. Rappelez-nous le concept de cet évènement, qui, plus qu’une rencontre, se veut être une plateforme dédiée aux start-ups du continent…

Les 12 et 13 juin Hub Africa célèbre l’entreprenariat à Casablanca en réunissant des milliers d’entrepreneurs, de fonds d’investissement, de jointure capitaliste, d’acteurs tout secteur confondu de structures d’accompagnement pour justement contribuer à faire grandir l’écosystème entrepreneurial sur le continent. C’est vrai, qu’au-delà de l’évènement, Hub Africa est une plateforme d’accompagnement qui marche 365 jours/ 365 et qui a pour ambitions de rapprocher les PME, les start-ups, les grands groupes en bonne intelligence_ ce n’est pas un hasard si l’on a choisi le thème de l’Open innovation_ mais également de tous les acteurs en termes de financement et d’accompagnement. Car l’entreprenariat ce n’est pas qu’une question de financement mais aussi tous les outils d’accompagnement que l’on met à la disposition de ces jeunes entrepreneurs. A travers cet évènement les acteurs viennent d’abord profiter des conférences, faire du business et pour cela s’inscrire sur notre plateforme digitale afin de rencontrer les personnes qui les intéressent mais également se former, renforcer leur compétence, se mettre à niveau, et aussi pour célébrer les meilleurs à travers les Awards. 

Justement la rencontre se tient à l’issue d’un road show qui vous a mené dans plusieurs villes d’Afrique et d’Europe, où vous êtes allés à la rencontre des start-uppers du continent et de la diaspora. Quelle est la tendance ? 

Effectivement, chaque année, dans le cadre de l’African Pitch Road Show nous parcourront un certain nombre de pays africains et des pays de la diaspora. Nous avons une forte diaspora africaine en Europe, notamment en France et Belgique, on espère élargir la zone. Ce qui nous frappe d’abord c’est cette très grande vitalité créatrice. Au-delà des effets de mode, aujourd’hui, l’entreprenariat, attire, les jeunes et moins jeunes, souvent dès l’université et c’est rassurant. Il est vrai que nous avons des projets plus ou moins matures, d’inégales qualités. C’est la raison pour laquelle, avec des partenaires locaux, avant de faire le pitch dans les pays où nous opérons, il y a d’abord un premier filtre qui permet de s’assurer que le projet n’est pas qu’un projet, mais s’inscrit dans une première phase de maturité avec une production, une clientèle, un chiffre d’affaires, etc. Ensuite, dans la la majeure partie des cas, on se rend compte qu’on se retrouve avec des projets avec un fort contenu digital. Mais ce qui me frappe c’est le fait que ce sont bien souvent des projets avec la prise en compte dès le début de la question de la frugalité. Ce qui veut dire que ce sont de jeunes entrepreneurs bien enracinés dans leur environnement et qui comprennent les contraintes et les limites des ressources et sur ce plan innove de manière frugale. Cela, c’est pour moi, une tendance marquante. 

Les start-up made in Africa sont en vogue. Mais sont-elles réellement compétitives pour devenir les Licornes qui vont aller à la conquête du monde ? 

C’est pour moi une question clé. Parce qu’il y a effectivement une sorte de start-up mania qui s’est emparée du continent et qui a vu une prolifération de start-ups dont certaines ne le sont que de nom. Il est très déjà extrêmement important qu’il y ait cette enthousiasme, cette envie de créer. En revanche, quad on regarde les standards, la question de la masse critique de ces pépites qui vont devenir demain des licornes, il y en a très peu. C’est la tendance un peu partout. Mais sur le continent, faute d’accompagnement, d’encadrement, de financement…elles en pâtissent davantage. Même si nous avons de très bons exemples d’entreprises nigérianes, sénégalaises, marocaines … qui sortent du lot. Sur ce plan là, c’est aussi la responsabilité des structures d’accompagnement de ne pas être simplement dans le nombre mais dans la qualité des projets qu’ils accompagnent. De manière justement à faire émerger des pépites qui attireront le capital et en feront les succès story que le continent attend. 

Quelles sont leurs failles ? Et comment les combler ?

Les failles sont plus en réalité des questions de compréhension de toute la chaîne de valeur de l’entreprenariat. Une bonne idée ne suffit pas à faire une succès story. L’invention n’est pas l’innovation. Un des points pour moi très sensible où il y a effectivement une faille, qui n’est pas du ressort des entrepreneurs, c’est le time to market. Tant que le prototype n’est pas, je dirais, pertinent, pour être diffusé sur le marché, cela reste une belle idée. On sait qu’aujourd’hui il y a des centaines de brevets qui pourrissent dans les tiroirs. Aujourd’hui, voir les produits apparaître, en minimisant les risques d’échecs, par un prix approprié, par la réponse à un vrai besoin, par une communication idoine, en utilisant une claire conscience des contraintes, logistiques, objectives, que nous avons sur le continent…Cela fait beaucoup certes, mais c’est aujourd’hui l’intelligence de l’environnement, l’intelligence du continent, sur lequel nous avons besoin de nous pencher. Ce sont aujourd’hui des start-ups qui ont souvent déjà des contraintes organisationnelles, elles ne sont pas bien structurées, des contraintes de capacités, qui ont du mal à embrasser tout le contour de leur chaîne de valeur, et c’est également des start-ups assez faibles en termes de capital ce qui leur permet difficilement de se maintenir et d’être soutenable économiquement parlant. 

C’est à ce niveau que vous intervenez…

Oui c’est en effet à ce niveau que nous essayons d’intervenir. Notamment qu’on nous organisons des Boot camps, une semaine avec le final à Casablanca, afin de leur faire rencontrer des start up, des partenaires, visiter des structures, échanger, networker, on leur ouvre à ce titre notre portefeuille relationnel… Autant de prétexte pour les exposer à quelque chose de différents et démultiplier les opportunités de rencontres pour pouvoir faire en sorte que leur start-up soit une succes story. Et par la suite, quand on les envoient en incubation en Asie du Sud, il s’agit de les mettre à un niveau de compétition internationale.  

Pour conclure, 7 éditions, c’est une aventure qui se pérennise. Que nous réserve le cru 2019 ? 

La 7eme édition est vraiment un point charnière. Car en réalité nous voulons mettre d’avantage l’accès sur la partie BtoB. Bien entendu toute la partie pitch, animation des start-ups etc., est maintenue. Mais cette année on a voulu faire moins, en termes de nombre, mais mieux en termes de qualité, de contenu, de formation, de rencontre… Les master class par exemple ont été réduites mais on a rehaussé le niveau en termes d’interventions. Il y a également un certain nombre de surprises que nous réservons à nos hôtes… 

Pour en savoir plus : https://hubafrica.co

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