Entreprenariat Féminin Lassina Bamba : « Il ne pourra y avoir de développement durable sans la pleine participation de la femme »
Les premières Journées Internationales de l’Entrepreneuriat des Femmes Africaines (JIEFA) se tiennent du 23 au 25 novembre à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Conférences, sessions de formation et réseautage sont au programme. Explications et enjeux de ce RDV avec l’Ivoirien Lassina Bamba, fondateur de 2ABCOM Agence Conseil 360°, qui co-organise l’événement.
Propos recueillis par M.A
Quelle est la genèse de ce forum économique ?
En 2016, dans le cadre d’une mission de travail et de prospection en Afrique (Burkina Faso et Cote d’Ivoire) pour le développement de notre entreprise 2ABCOM Agence Conseil 360°, nous avons rencontré plusieurs organisations et structures de développement, notamment de jeunes et de femmes pour comprendre et toucher de près les réalités et les besoins de terrain. L’idée des Journées Internationales de l’Entrepreneuriat des Femmes Africaines (JIEFA) est donc née des suites de ces différentes rencontres pour accompagner et soutenir le dynamisme, l’engagement desdites structures par la mise en place d’outils innovants de formation, de réseaux et de mécanismes de financement pour pérenniser leurs activités de développement durable, participatif et inclusif.
Un événement qui rassemble acteurs privés et publics, c’est le défi aujourd’hui ?
Nées dans un contexte socio-économique mondial notamment africain en mutation, les Journées Internationales de l’Entrepreneuriat des Femmes Africaines se veulent être une plateforme d’espoir pour la promotion de « l’Egalité du genre », l’autonomisation et l’insertion socioprofessionnelle des femmes par l’entrepreneuriat. Nous les co-organisons avec l’entreprise Zé Digital Enterprise Consulting, sous le patronage de madame Helene Marie Laurence Ilboudo Marchal (ministre de la Femme, de la Solidarité́ et de la Famille) et le parrainage de monsieur Abdoul Karim Sango (ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme). Elles s’attellent donc à faire connaitre différentes possibilités d’autonomisation auprès des femmes et d’acteurs de développement en confrontant les réalités du terrain avec les bonnes pratiques nationales et internationales en matière de développement inclusif, participatif et durable.
Quels sont les objectifs de ces journées pour l’employabilité des femmes africaines ?
Ces journées constituent des moments de rencontres, de partages et de mise en contact entre les différents acteurs de développement. Elles ont pour objectif principal à termes de faire de l’entrepreneuriat un outil stratégique pour l’autonomisation, l’employabilité́ et l’insertion socioprofessionnelle des femmes et des jeunes une réalité́ dans nos sociétés en développement. En d’autres termes, ces journées ont pour objectifs de soutenir les initiatives des pouvoirs publics et des partenaires au développement pour une meilleure gestion de la double question de l’employabilité́, l’insertion socioprofessionnelle et l’immigration clandestine des femmes et des jeunes. Elles doivent permettre le développement d’un environnement d’investissement national et international. C’est dans cette perspective et en prélude au rendez-vous de Bobo-Dioulasso que nous avons organisé́ une conférence de lancement desdites journées avec la participation de plusieurs acteurs de développement à l’ambassade du Burkina Faso le jeudi 27 Septembre 2018 sur le thème : « opportunités d’investissement et environnement des affaires en Afrique : cas du Burkina Faso.»
Quels sont les freins à l’intégration professionnelle des femmes africaines ?
Je parlerai plutôt de défis que de freins. Il est vrai que l’événement va se dérouler au Burkina Faso, il interroge les enjeux, défis et perspectives de l’insertion socioprofessionnelle. Lors de nos rendez-vous de travail au Burkina Faso comme en Côte d’Ivoire, nous avons constaté́, au-delà̀ du dynamisme de nos interlocuteurs notamment les femmes, un besoin de financement, de réseaux, de communication, et de visibilité́. Mais aussi le renforcement de capacités, de formation et de développement personnel. Aussi, avons-nous constaté une insuffisance de structures d’accompagnement. Même si elles existent, leur accès n’est pas facile pour les entrepreneurs, porteurs de projets notamment les femmes.
« Mettre les femmes à l’honneur, c’est panser les plaies de l’humanité́ »
Quels sont les secteurs principaux dans lesquels ces femmes s’investissent ? Y-a-t-il de nouvelles tendances ?
Le dynamisme des femmes africaines notamment entrepreneures n’est certainement plus à démontrer. Souvent confinées dans des rôles de second plan ou des métiers dits de « femmes » – secrétaires, assistantes, ménagères – elles sont aujourd’hui de plus en plus présentes dans tous les secteurs d’activités notamment l’innovation, l’agro-business, le BTP, le numérique et la fintech. C’est ce qui nous donne l’espoir qu’un développement durable, inclusif et participatif en Afrique est possible avec l’implication et la pleine participation des femmes. Les JIEFA répondent à la création d’un cadre idéal pour l’ensemble des problématiques d’autonomisation, d’employabilité́ et d’insertion socioprofessionnelle des femmes.
En quoi mettre à l’honneur les femmes est-il un enjeu économique en Afrique ?
La caractéristique fondamentale de toute société́ notamment africaine est de placer l’Homme au cœur de son système de développement. Dans les pays africains essentiellement de système matriarcal, la femme par son travail et son implication quotidienne contribue à la pleine satisfaction et à l’équilibre des familles, socles premiers de la société́. Interroger donc la problématique de leur autonomisation est pour nous une forme de reconnaissance de leur indispensable importance pour un développement durable, inclusif et participatif de nos sociétés. Car, nous avons l’intime conviction qu’il ne pourra y avoir de développement durable sans la pleine participation et implication de la femme dans le système de gestion et de gouvernance de nos sociétés. Pour nous, la question de « l’Egalité du genre et de la parité́ » est plus qu’un enjeu national voire africain, c’est un sujet mondial. Car, à l’instar du continent africain, l’implication effective et totale des femmes reste un énorme défi de développement.
Dans un monde globalisé, le continent africain, plus de cinquante ans après les indépendances, demeure le centre de toutes les attentions, géopolitiques et géostratégiques. Dans ce contexte où l’immigration se pose comme l’une des pistes d’espoir pour la plupart des populations africaines, l’implication effective et totale des femmes dans la prise de décision et la gouvernance de nos sociétés pourrait apporter un environnement de paix, de stabilité́ pour un développement inclusif, participatif et durable dans le respect de valeurs de partages, de solidarité́ et de dignité́ humaine. En d’autres termes, mettre les femmes à l’honneur, c’est panser les plaies de l’humanité́, lutter contre l’obscurantisme, la division et donner un espoir au vivre ensemble et au développement durable, inclusif et participatif. Comme le dit l’adage, « l’homme est le père de la famille, mais, la femme, elle construit l’humanité́. » C’est dire que le rôle de la femme transcende toute question locale et nationale.