Le FMI pointe du doigt le manque de régulation des banques panafricaines et les risques systémiques que ce dysfonctionnement fait courir à l’économie du continent. Le groupe panafricain Ecobank, en particulier, est visé.
Dans un rapport publié le 4 février, le Fonds monétaire international (FMI)s’inquiète du manque de surveillance et de connaissance de la situation financière propre des banques panafricaines. Il craint qu’elles ne fassent courir des risques à l’ensemble des économies d’Afrique.
“Un reporting réglementaire pour le suivi de la situation financière et prudentielle, sur base individuelle, de chaque implantation bancaire à l’étranger a été instauré”
“L’émergence de banques panafricaines est un développement bienvenu compte tenu de la nécessité d’approfondir l’inclusion financière en Afrique. Dans le même temps, l’expansion transfrontalière rapide de ces banques soulève de nouveaux défis de supervision et de régulation bancaire qui, si rien n’est fait, pourrait présenter des risques systémiques”, a déclaré Mauro Mecagni, Directeur adjoint du département Afrique du FMI.
Les banques marocaines sont parties prenantes de cette expansion transfrontalière. En 1996, d’abord, la BMCE a racheté le réseau Bank Of Africa, Attijariwafa Bank, ensuite, a repris les filiales africaines du Crédit Agricole, en 2009, pour devenir la première banques africaine du Maroc, et la Banque populaire, enfin, a racheté, en 2012, le groupement Banque Atlantique.
“Avec le développement à l’étranger de certains groupes bancaires marocains, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne, Bank Al-Maghrib a accordé une attention croissante à la surveillance des activités bancaires transfrontalières. Un reporting réglementaire pour le suivi de la situation financière et prudentielle sur base individuelle de chaque implantation bancaire à l’étranger, a été instauré”, assure la Banque centrale marocaine, Bank Al Maghrib, dans son rapport annuel 2013. La même année, elle a rendu son premier rapport sur la stabilité financière. “Les résultats d’un macrostress test réalisé par la Banque centrale indiquent, globalement, un renforcement de la capacité de résistance des banques”, indique-t-il.
“Les questions de gouvernance interne se réfèrent à une période passée de plusieurs mois entre mi-2013 et début 2014.Le Groupe Ecobank a traité de façon concluante avec ces questions de gouvernance internes à l’époque”
Le rapport du FMI cible surtout le groupe nigérian Ecobank. “Au Nigeria, la forte augmentation du niveau minimal des fonds propres, après la crise bancaire du milieu des années 2000, a poussé les banques à utiliser l’expansion à l’étranger pour employer leur nouvelle base de capitaux”, explique le rapport. Aujourd’hui, Ecobank opère dans 35 pays africains. À fin 2013, il affichait un total de bilan de 22,5 milliards de dollars EU.
En août 2013, Laurence do Rego, Administratrice exécutive du groupe, et Directeur finance et risque, remet en cause la gouvernance du groupe. Elle affirme que la banque a vendu à un prix largement sous-évalué des actifs non stratégiques et qu’il lui a été demandé de falsifier les comptes financiers de 2012. Une enquête est rapidement ouverte par la Commission Securities and Exchange du Nigéria.
Depuis, Thierry Tanoh, Directeur général a été démis de ses fonctions. “Après l’enquête de la SEC/KPMG, une Assemblée générale extraordinaire des actionnaires s’est tenue le 3 mars 2014 en vue d’approuver un plan d’action de gouvernance en 51 points, visant à remédier aux défaillances mises en évidence par la SEC/KPMG”, indique le rapport sur la gouvernance 2013 d’Ecobank.
Pour toutes ces raisons, la banque a contesté les analyses du rapport du FMI. “Les questions de gouvernance interne se réfèrent à une période passée de plusieurs mois, entre mi-2013 et début 2014.Le Groupe Ecobank a traité de façon concluante avec ces questions de gouvernance internes à l’époque”, a-t-il indiqué, le lendemain de la publication du rapport.
Saluant ces efforts, un porte-parole du FMI a cependant insisté sur le fait que Ecobank a une position en terme de capital qui ne correspond pas aux exigences de Bâle III en terme de fonds propres, seuls à même d’assurer la résistance de la banques à un choc financier. “Notre stratégie en matière de fonds propres prévoit d’augmenter les fonds propres de niveau 2 (Tier II) non dilutifs, tant au niveau du Groupe que de Ecobank Nigéria”, assurait le groupe, dans son rapport 2013
Par Julie Chaudier
Ce message est également disponible en : الإنجليزيةالفرنسية