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Ebola : la riposte ivoirienne

Après avoir craint un temps la présence sur son sol du virus Ebola, la Côte d’Ivoire peut évaluer sereinement la qualité de sa gestion de  crise. Une situation qui, selon le ministre de la santé, « a permis de tester le système national de réponse à une épidémie ».  

Par Issiaka N’Guessan à Abidjan

Le virus Ebola aura finalement fait plus de peur que de mal en Côte d’Ivoire.  Après qu’un cas suspect ait été détecté le 14 août par les autorités sanitaires ivoiriennes, à Abidjan, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est revenue sur cette annonce le 31 août en affirmant- analyses de l’Institut Pasteur de Lyon (France) à l’appui-  qu’il [n’existait]   « aucune preuve » de la présence du virus Ebola dans le pays. Dans son communiqué, le ministre de la santé ivoirien, Pierre Dimba, a pour sa part indiqué que la patiente, d’origine guinéenne, était désormais classifiée « comme non-cas de maladie à virus Ebola, sortant du coup la Côte d’Ivoire de la liste des pays à virus Ebola ». Davantage, le responsable politique s’est félicité que cette situation ait « permis [au] pays de tester son système national de préparation et [de] réponse à une épidémie ». 

« La Côte d’Ivoire a su capitaliser sur les leçons apprises des précédentes épidémies  (plus de 11 000 morts dus à la fièvre hémorragique d’Ebola entre 2014 et 2016) pour prendre très vite les actions qui s’imposaient »

De fait, à l’image d’autres pays du continent en première ligne sur le front d’Ebola, tels que la Guinée ou la RDC- un pays qui a combattu avec succès trois épidémies d’Ebola successives depuis 2018- la Côte d’Ivoire a su capitaliser sur les leçons apprises des précédentes épidémies  (plus de 11 000 morts dus à la fièvre hémorragique d’Ebola entre 2014 et 2016) pour prendre très vite les actions qui s’imposaient.  Venu de Labé (Guinée) par la route, le cas suspect, « une jeune fille âgée de 18 ans de nationalité guinéenne, […]arrivé en Côte d’Ivoire le 11 août », a ainsi été très vite diagnostiqué et pris en charge par les services sanitaires tandis qu’une réunion interministérielle d’urgence, tenue le 14 août, actait la réactivation du système de surveillance et de riposte au virus Ebola. Dans la foulée, solidaire des difficultés de son voisin, la Guinée- qui s’est extirpée de sa dernière épidémie de fièvre hémorragique le 19 juin 2021- expédiait de son côté 5 000 doses de vaccins contre Ebola. 

« Une réactivité exemplaire qui a permis aux autorités sanitaires de lancer, dès le 17 août, une campagne de vaccination des groupes cibles : les personnels soignants qui ont été en contact avec la patiente ainsi que les forces de sécurité stationnées à la frontière de la Guinée »

Une réactivité exemplaire qui a permis aux autorités sanitaires ivoiriennes de lancer, dès le 17 août, une campagne de vaccination des groupes cibles,  les personnels soignants qui ont été en contact avec la patiente ainsi que les forces de sécurité stationnées à la frontière de la Guinée. De même, les proches de la jeune femme vivant à Abidjan ont été systématiquement vaccinés, ainsi que les passagers qui auraient pu être en contact avec elle pendant son voyage. Quant aux ministres de la Santé, de l’Intérieur et de la Sécurité, respectivement Pierre Dimba et Vagondo Diomandé, ils se sont prestement rendus sur le théâtre des opérations, à Ouaninou (à 720 Km d’Abidjan, dans l’Ouest du pays) pour inviter la population à l’observance des instructions du gouvernement. 

« Il faut mettre l’information au centre de la lutte contre le virus Ebola, et ce afin que « la population […] sache à quel type de maladie elle a affaire, les modes de transmission ou de contagion, les signes cliniques à suivre »

Une pédagogie active qui a payé selon Kouakou Albert Yao, expert en question de sociologie de santé et enseignant-chercheur à l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa, pour qui « il faut mettre l’information au centre de la lutte contre le virus Ebola, et ce afin que « la population […] sache à quel type de maladie elle a affaire, les modes de transmission ou de contagion, les signes cliniques à suivre », soutient le spécialiste. Conscient de la perfectibilité du système de santé ivoirien,  Kouakou Albert Yao recommande toutefois de « faire une remise à niveau du personnel médical pour avoir les dernières informations sur les évolutions thérapeutiques. Ce protocole une fois établi, peut permettre de juguler la maladie », conclut notre interlocuteur. Matshidiso Moeti, la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, s’est pour sa part félicitée que cette riposte efficace a été rendue possible par le fait que « l’essentiel de l’expertise mondiale en matière de lutte contre la maladie à virus Ebola se [trouvait] ici, sur le continent ». 

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