Covid-19 La chute des transferts de fonds vers l’Afrique pourrait lui couter 18 milliards
La pandémie de la Covid-19 devrait faire perdre au continent africain 18 milliards de dollars d’envois de fonds. C’est la conclusion d’un rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies intitulé « Préserver les envois de fonds pendant la Covid-19 ». Pour pallier cette baisse, l’institution plaide en faveur d’une baisse des coûts des transferts d’argent.
Par Bilkiss Mentari
La Covid-19 devrait sérieusement affecter les transferts d’argent de la diaspora vers l’Afrique. Ceci pourrait représenter en tout, des pertes de 18 milliards de dollars, selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies. Dans le cadre d’un rapport intitulé « Préserver les envois de fonds pendant la Covid-19 »et présenté le 6 octobre, l’institution onusienne confirme le « grave impact » de la pandémie, sur ces transferts d’argent, du fait notamment de la situation des migrants dans les pays les plus touchés, et de la récession économique qui frappe la plupart des pays d’accueil.
« La Covid-19 a gravement affecté les envois de fonds vers l’Afrique, qui pourraient baisser de 21 % en 2020 »
« La Covid-19 a gravement affecté les envois de fonds vers l’Afrique, qui pourraient baisser de 21 % en 2020 », a affirmé Stephen Karingi, directeur de la Division du commerce et de l’intégration régionale (RITD) de la CEA. Une perte donc de 18 milliards de dollars, sur les 85 envoyés en 2019, qui ne pourra être sans effets sur les millions de personnes qui en bénéficient. D’autant plus qu’une majeure partie de ses fonds répondent à des besoins urgents (achats de denrées alimentaires, dépenses de santé, scolarisation, logement…). Cela pourrait se traduire par le basculement, brutal, de 28,2 à 49,2 millions d’Africains, les plus fragiles, dans l’extrême pauvreté selon les estimations de la Banque africaine de développement.
« Il ressort ainsi que les coûts des transferts de fonds restent relativement élevés au niveau mondial par rapport à la cible de 3% fixée dans les objectifs de développement durable »
C’est à ce titre que la CEA et ONE campaign, une organisation internationale de lutte contre la pauvreté, plaident en faveur d’une baisse des coûts liés aux transferts d’argent jugés onéreux. Selon la Banque mondiale, le coût médian dans le monde d’un envoi de 500 dollars est de 25 dollars et celui d’un envoi de 200 dollars est de 14 dollars. « Il ressort ainsi que les coûts des transferts de fonds restent relativement élevés au niveau mondial par rapport à la cible de 3% fixée dans les objectifs de développement durable », souligne la CEA.
La CEA et ONE invitent notamment les pays du G20 à changer leurs régimes nationaux de transferts de fonds, ainsi que les réglementations bancaires connexes, afin de ramener le coût des envois à un niveau proche de zéro jusqu’à la fin de la pandémie. De même, elles recommandent la promotion, par les gouvernements, de la numérisation de la chaîne de valeur des transferts, de l’expéditeur au destinataire, afin d’augmenter les volumes, de réduire les coûts et de faciliter l’envoi d’argent. Enfin, elles exhortent « les pays d’accueil » à inclure les travailleurs migrants dans les programmes de protection sociale et de relance et de prolonger les visas afin que les migrants puissent continuer à travailler et à envoyer de l’argent dans leur pays d’origine.
« Une bouée de sauvetage essentielle pour l’Afrique »
Le document rappelle que les transferts d’argent n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières décennies, et sont devenus le principal afflux financier des pays en voie de développement, dépassant les aides étrangères, les flux de capitaux privés et les investissements directs étrangers. « Il est donc crucial de préserver cette bouée de sauvetage essentielle pour l’Afrique », a insisté Stephen Karingi notant que les transferts étaient « plus importants que jamais pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, et en particulier pour celles qui ne disposent d’aucun accès aux filets de sécurité économiques et sociaux ».