Septembre dernier, plusieurs centaines de millions FCFA s’évaporaient des comptes de NSIA banque, au Plateau, quartier des affaires d’Abidjan, suite à un piratage informatique du réseau. La menace est bien réelle et ne se limite pas au « broutage » phénomène dans lequel de jeunes ivoiriens se sont taillé une triste et sinistre réputation. Pour y faire face, Edith Brou, « la geekeuse d’Abidjan » et ses amis ont pensé à l’Africa Cyber Security Conference, cadre d’échanges des spécialistes en information digitale et pour le grand public.
Par Issiaka N’GUESSAN à Abidjan
Courant 2017, un hacker ou groupe de hackers opérant sous le pseudonyme de « revenant Touré » créait la psychose dans le pays par le piratage de plusieurs systèmes informatiques dont les comptes Facebook d’autorités politiques, de grandes entreprises parapubliques ou privées, de la société d’exploitation du 3è pont Henri Konan Bédié et même du système de diffusion de RFI en Côte d’Ivoire. Septembre dernier, ce sont plusieurs centaines de millions FCFA qui s’évaporaient des comptes de NSIA banque, au Plateau (quartier des affaires) suite à un piratage informatique du réseau. La menace est bien réelle et ne concerne pas que des individus ou escroquerie au portefeuille connue sous le vocable de « broutage » dans lequel de jeunes ivoiriens se sont taillé une triste et sinistre réputation. Pour y faire face, Edith Brou et ses amis ont pensé à l’Africa Cyber Security Conférence, cadre d’échanges des spécialistes en information digitale et pour le grand public. La troisième édition se tient actuellement dans la capitale ivoirienne avec pour thème : « Cyber-sécurité, moteur de la transformation digitale ».
« Toute transformation digitale ne peut être bénéfique que si elle intègre la question de la sécurité »
« Consciente du fait que toute transformation digitale ne peut être bénéfique que si elle intègre la question de la sécurité nécessaire pour atteindre les objectifs économiques, sociaux et politiques de nos pays, l’ACSC 2018 s’est donnée pour thème, ‘’Cyber-sécurité, moteur de la transformation digitale’’ fait savoir Edith Brou, la CEO de l’événement.
Parmi les exposants, la Société nationale de développement informatique (SNDI), structure publique qui a en charge l’informatisation de l’administration par le développement d’applications pour le compte des structures étatiques.
« Nous avons conçu le SIGFIP pour la traçabilité de la gestion publique et les bons résultats ont conduit à l’exporter. Il y a des pays comme le Bénin, le Sénégal, le Togo, la Guinée Bissau, la Guinée Conakry qui ont acquis cette application car elle a fait ses preuves ici. Comme nous développons des applications pour le compte de l’administration, et que nous hébergeons des sites de ces administrations, il faut les sécuriser. Si ces sites sont attaqués cela veut dire le gouvernement ne travaillera plus. On a déjà un dispositif qui bloque les tentatives. Nous sommes conscients de la menace. Nous travaillerons à contrecarrer les hackers » soutient Germaine Kouamé, chargée de communication.
Le Directeur général de la CNPS, Denis Charles Kouassi estime « qu’il y a un besoin d’avoir une qualité des informations et de maintenir ces informations pendant des périodes assez longues » face à la menace des hackers.
« 89% des entreprises prévoient augmenter leur dépense pour contrer la cyber insécurité et 84% des s’engagent à augmenter les niveaux d’automatisation de sécurité »
« Le développement basé sur les données, le développement de région artificielle, nécessitent que nous puissions maîtriser les risques, notamment les cyber-menaces. C’est pourquoi le prototype de la cyber Security est et sera l’un des principaux facteurs déterminant de la transformation digitale » a pour sa part soutenu Serges Kouakou, Responsable de Orange Business lors de la table ronde « Comment l’Afrique peut se préparer contre l’évolution des cyber-menaces ? »
Alphonse Brou est Principal solution Engineer à Oracle. Présentant les offres de son entreprise spécialisée dans les protections contre les menaces informatiques, il reconnaît qu’ « on ne peut être à l’abri des attaques. Personne ne peut y échapper. » Alors que faire ? « Faire en sorte de mettre à disposition les outils de protection » assure l’expert.
Selon une étude du Rapport Cloud threat Report 2018 réalisée avec KPMG, « 90% des entreprises ont du contenu sensible, 80% sont préoccupées par la menace que les cybercriminels font peser, 89% d’entre elles prévoient augmenter leur dépense pour contrer la cyber-insécurité et 84% des entreprises s’engagent à augmenter les niveaux d’automatisation de sécurité » a présenté Alphonse Brou.
Expérience tunisienne
Sami DHIFI, Senior Manger chez Ernst and Young en Tunisie fait savoir qu’« en Tunisie, le secteur bancaire est confronté à des milliers d’attaques par jour malgré que la Tunisie soit classée 40è au rang mondial dans la protection contre les cyber-attaques. Cette résistance est possible grâce à plusieurs facteurs tels que l’existence d’Agence nationale de sécurité informatique (ANSI), une stratégie de sécurité informatique performante et un cadre réglementaire existant. »
Toutefois, il reconnait que les efforts ne sont jamais suffisants pour échapper aux cyber-attaques.« Il reste beaucoup de choses à faire, surtout beaucoup d’investissements à réaliser, estime Sami DHIFI Au niveau national, il faut une très bonne stratégie de cybersécurité, de gros investissements sur la sécurité de l’information, des stratégies sectorielles dans les domaines bancaire, des télécommunication etc. l’Etat ne pouvant pas tout faire, il faut aussi l’implication du secteur privé pour un renforcement sécuritaire solide ».
Cette 3è édition ouverte le 24 octobre dernier prendra fin ce 26 octobre.
Par Issiaka N’GUESSAN à Abidjan
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