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Cop21 : La Tunisie et sa batterie de mesures

Réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 41 %, en 2030, est l’engagement pris par la Tunisie pour combattre le réchauffement climatique sur le plan mondial. La Tunisie figure parmi les premiers pays africains à avoir soumis ses engagements de contribution avant la Cop21 qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre prochains, à Paris.

Si tous les pays n’ont pas encore remis leur rapport avant la date limite fixée au 1er octobre, la Tunisie, quant à elle, l’a rendu le 16 septembre dernier. Hautement concernée, elle se trouve être un des pays de la zone Méditerranée les plus touchés par le dérèglement climatique. Très exposée aux phénomènes de sécheresse, de faibles précipitations, d’élévation du niveau de la mer, c’est non seulement son environnement mais aussi son système économique qui sont les plus affaiblis.

 

Depuis sa ratification à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, (CCNUCC), en 1993, la Tunisie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Sensibilisée, depuis longtemps, sur les questions d’environnement, la Tunisie a adopté, le 26 janvier 2014, une nouvelle Constitution comprenant des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, selon l’article 44, l’Etat s’engage à « garantir un environnement sain et équilibré et participer à l’intégrité du climat en fournissant les moyens nécessaires ». Depuis 2010, en matière de lutte contre les changements climatiques, la Tunisie adopte des mesures visant à mieux maîtriser l’énergie. Selon le rapport du ministère de l’environnement et du développement durable tunisien, en direction de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, le pays prévoit de réduire son intensité de carbone de 41% en 2030, par rapport à 2010. En effet, le secteur énergétique est celui qui est davantage concerné par ces nouvelles mesures d’atténuation, puisqu’il représente 75 % des réductions d’émission.

 

« L’intensité carbone est calculée comme étant le rapport entre le total des émissions de gaz à effet de serre (exprimées en tonne équivalent CO2) et le PIB à valeur constante 2005) », précise le document transmis. L’application de ces engagements devrait coûter environ 18 milliards de dollars et la Tunisie ne pourra couvrir que 10% des dépenses. Comme bon nombre de pays, elle souhaite obtenir l’appui international afin de financer ses projets d’atténuation du dérèglement climatique. Concernant l’adaptation, l’impact du réchauffement climatique aura des conséquences sur les ressources en eau, sur l’agriculture, les écosystèmes naturels et artificiels sans oublier la mer, la santé et le tourisme. L’Etat estime que les coûts liés à l’adaptation de ces différents secteurs s’élèveraient à 2 milliards de dollars. En attendant l’ouverture des négociations, la Tunisie continue ses efforts en matière de réduction de gaz à effet de serre.*

 

« La Tunisie n’est pas le seul pays exposé aux impacts des changements climatiques, mais la précarité de ses ressources naturelles (eau, sol, forêt, biodiversité, énergie, etc.), et les exigences de son développement socio-économique risquent d’être davantage exacerbées par le changement climatique. Outre l’augmentation des températures, la Tunisie est confrontée à la baisse de ses précipitations, à l’élévation du niveau de la mer et à l’augmentation des phénomènes extrêmes (inondations et sécheresses). Ces impacts seront particulièrement ressentis au niveau de deux secteurs clés de l’économie tunisienne, à savoir l’agriculture et le tourisme, lesquels secteurs dépendent fortement de nos ressources naturelles. Le tourisme sera encore plus touché par l’élévation du niveau de la mer que le littoral tunisien est en train de subir. Comme partout ailleurs dans le monde, ces impacts se reflèteront également sur le secteur de la santé en raison d’apparition de maladies nouvelles qu’il pourrait être difficile de diagnostiquer et encore plus de traiter ». C’est l’avis d’Amel Akremi, Sous-Directeur de la Dépollution industrielle et Point focal du Fonds vert pour le Climat.

 

« Pour l’atténuation des émissions des gaz à effet de serre, la Tunisie a initié, depuis une trentaine d’années, un processus de «décarbonisation» de son économie, grâce notamment  à une politique volontariste et de long terme en matière de maîtrise de l’énergie et d’efficacité énergétique »

 

« La délégation tunisienne à Paris sera composée de représentants de tous les ministères et institutions impliqués dans le dossier Changement Climatique en Tunisie. En particulier, les ministères suivants :

  • Agriculture, Ressources Hydrauliques et Pêche,
  • Industrie, Energie Mines,
  • Affaires Etrangères
  • Finance
  • Développement, Investissement et Coopération Internationale,
  • Environnement et Développement Durable.

L’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) et l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) feront éventuellement partie de la délégation tunisienne. Des représentants de la société civile participeront à la Cop21, mais pas en tant que membres de la délégation »., confie celui qui par ailleurs Agent du ministère de l’Environnement et du Développement durable en Tunisie.

 

« Pour pouvoir faire face aux défis qu’elle a rencontrés dans sa politique de maîtrise d’énergie, la Tunisie a décidé de s’engager dans un processus de transition énergétique basé sur un renforcement de sa politique de maîtrise de l’énergie avec ses deux composantes d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable. Cette politique de moyen et long termes, mise sur la sobriété énergétique et s’inscrit dans la perspective d’une croissance économique soutenue et durable. Pour cette raison, la Tunisie a lancé, en 2013, un débat national sur l’énergie pour définir les objectifs stratégiques de cette nouvelle politique en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés.

Concrètement, cette stratégie vise les objectifs suivants :

  • Une réduction de la demande d’énergie primaire de 17% en 2020 et 30% en 2030, par rapport au scénario tendanciel.
  • Une forte progression de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité, pour atteindre 30% en 2030.

La politique de reboisement entreprise par le pays renforcera les puits d’absorption des gaz à effet de serre, et par ricochet contribuera fortement à la réduction des émissions des GES », conclut d’Amel Akremi.


Par Darine Habchi

 

 

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