Canada-Afrique Une relation qui se renforce
Si la présence d’Africains grandit au Canada, les relations entre ce pays et le continent évolue également. Timidement comparé aux Chinois, Japonais, Français, Turcs et autres partenaires de l’Afrique. Mais sûrement. Pour preuve, le Daca, Délégation d’Affaire Canada-anaAfrique, se tiendra pour la première fois les 26 et 27 Novembre 2019, à Korhogo, en Côte d’Ivoire. Explications avec son instigateur, Gbeuli Guero.
Ivoirien de naissance et Canadien d’adoption, votre parcours témoigne de l’évolution des relations entre le Canada et l’Afrique…
Je suis effectivement Ivoirien où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans. Après un court passage en France, où j’ai décroché un DESS en Mécanique des fluides à Paris VII et d’une Maîtrise en Génie mécanique à l’École de Technologie Supérieure (ETS). Je suis arrivé au Canada en 2004. J’ai exercé plusieurs années comme ingénieur au sein de grands groupes français et canadiens dont la compagnie française General Motors, Pratt & Whitney et Bombardier Aéronautique. J’ai cumulé plusieurs années d’expérience dans le domaine du financement immobilier. Passionné par l’immobilier et investisseur chevronné, j’ ai toujours œuvré dans ce domaine. Même si je me destinais au départ à une carrière d’ingénieur.
En 2013, je décide de me consacrer exclusivement à l’ entrepreneuriat. J’ai développé mon réseau de professionnels en travaillant tout d’abord comme directeur en financement immobilier dans les plus grandes institutions financières canadiennes. En 2015, je crée Galerie Financière qui se spécialise dans le financement immobilier et accompagne les investisseurs étranger dans leur projet immobilier au Canada.
A quoi ressemble la vie d’un Ivoirien au Canada ?
Le Canada est un pays ouvert et accueillant. Grâce à un niveau de chômage au plus bas de son histoire, le Canada ouvre ses portes vers une immigration éduquée pour répondre à leur besoin économique. Le taux de chômage est encore plus faible dans les régions hors capital ce qui crée un réel besoin de main d’œuvre. Ainsi, je me suis facilement intégré par le travail. L’entrepreneuriat est vraiment favorisé dans le marché. Ainsi, j’ai pu facilement passer d’une entreprise comme étant ingénieur aéronautique à la création d’une compagnie en finance qui compte aujourd’hui 10 membres.
C’est dans le cadre de cette activité que vous organisez le Daca en novembre prochain en Côte d’Ivoire ?
Depuis quelques années, j’ai orienté la vision de ma compagnie Galerie Financière vers l’Afrique. En effet, l’un des objectifs de ma compagnie est de financer, accompagner des investisseurs africains désirant se construire un parc immobilier au Canada. Pour se faire, j’ai réalisé une série de conférence en Afrique sous le thème Investir dans l’immobilier au Canada.
Lors de ces conférences, j’ai rencontré plusieurs africains de divers horizons mais avec un désir commun d’en apprendre plus sur le Canada et des opportunités économiques.
De l’autre côté de l’atlantique, l’intérêt des compagnies canadiennes se faisait aussi ressentir.
Comment évolue les relations Canada-Afrique justement?
Le Canada augmente le volume de ses échanges commerciaux et de ses investissements avec l’Afrique subsaharienne. Le plan d’action sur les marchés mondiaux oriente les engagements commerciaux canadiens dans la région. Pour établir un cadre de réglementation propice au commerce et aux investissements, le Canada négocie des Accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) avec un certain nombre de pays d’Afrique. De tels accords ont été conclus avec le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, Madagascar, le Nigéria, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie. (site du gouvernement).
Ceci dit, comparés aux Chinois, Japonais, Turcs, Français… les Canadiens apparaissent à la traîne. Comment l’expliquez-vous ?
Selon mon analyse, trois raisons pourraient expliquer cela. En premier lieu, contrairement aux autres pays, le Canada n’a pas de passé coloniale avec l’Afrique. Donc le Canada n’a pas de relation existante, d’histoire commune. Tout est à faire. Ensuite, sa situation géographique. Il y a encore peu d’Africains qui viennent faire des études ici. La formation est chère pour les étrangers. Enfin, le Canada s’est placé historiquement dans le développement des institutions pour une meilleure gouvernance et non dans les accords économique.
Que peut apporter le Canada à cette Afrique en mutation et en quête de réels partenaires ?
Avant tout, des partenaires sérieux qui ont une vision avec un bénéfice mutuel. Ainsi qu’un savoir-faire pragmatique.
A ce titre la diaspora africaine présente au Canada peut jouer le rôle de trait d’union ?
Oui en participant à des initiatives comme la DACA. D’autant que plusieurs groupes et associations sont créée: REPAF, Afrique Expansion, Les chambres de commerce africaines offrent l’opportunité à la diaspora de jouer ce rôle.
Concrètement, comment va se passez la conférence, qui sera présent, les objectifs…
Il s’agit d’une rencontre d’affaire organisée sur deux jours. La 1ere journée sera ponctuée par des discussions sur plusieurs thèmes relatifs à l’économie et la coopération. En parallèle des panels seront organisés pour débattre sur plusieurs sujets. La 2eme journée est organisée autour de rencontres d’affaires organisées entre compagnies de mêmes secteurs d’activités suivis de visite de compagnies locales. L’évènement se conclura par un dîner. L’occasion de poursuivre les échanges sur un plan plus festif.
Pourquoi le choix de Korhogo, ville moins attractive qu’Abidjan de prime abord…
Il est essentiel, pour la Côte d’Ivoire de développer d’autres pôles urbains, ce qui va entraîner le désengorgement d’Abidjan et donc une meilleure circulation économique à l’intérieur du pays. C’est également une manière de freiner l’exode rural. Par ailleurs, en donnant une visibilité internationale à ces villes secondaires, on accroit leurs opportunités. Korhogo offre de multiplies opportunités aux investisseurs qui auront ainsi l’occasion de les découvrir.