Dès le début du mouvement populaire qui agite l’Algérie depuis février dernier, la diaspora algérienne manifeste son soutien, désireuse d’apporter sa contribution à la construction de l’Algérie de demain. C’est dans ce contexte que le collectif Day Z organisait le 18 décembre à Paris, une soirée débat destinée précisément à informer les Algériens de France sur les enjeux en cours, répondre par la même occasion à leur soif d’agir et d’apporter leur pierre à l’édifice de construction de l’Algérie de demain.
Par Karim Mouici, à Paris
Alors que le Hirak, le mouvement populaire qui agite l’Algérie depuis février dernier, ne faiblit malgré l’élection, contestée, d’un nouveau président, le collectif Day Z, – collectif créé par Djamila Zeraoui, Smail Chertouk et Idriss Aourdache avec la vocation de partager des idées et d’initier des actions autour de la création d’une nouvelle Algérie _, organisait le 18 décembre dernier, au Musée social, à Paris, une soirée-débat sur le thème de l’Algérie demain et le rôle de la diaspora.
La construction d’un nouveau modèle démocratique
A cette occasion, Smail Chertouk, membre fondateur du collectif, rappelle que le « Hirak », terme désignant le « mouvement » en Algérie, se poursuit aussi à travers ce type d’événement. Les citoyens sont invités à prendre la parole, à proposer leur point de vue, ce qui, d’une certaine manière, les implique directement dans la construction d’un nouveau modèle démocratique.
La diaspora dans la transition
Si à l’image de la rue algérienne, les intervenants _ dont la sociologue Feriel Lalami Fates ou encore Omar Bouraba militant ACDA ( Agir pour le changement et la démocratie en Algérie) _ contesteront tour à tour l’ « élection » d’ Abdelmadjid Tebboune, ne manqueront de rappeler la jeunesse du mouvement, née en février 2019. Ainsi, au delà des dissensions politiques actuelles, du rejet du vote mais aussi de la répression, ce mouvement s’enrichira probablement sur un temps long.
Dans ce sens, une partie de la diaspora semble avoir pris un peu d’avance en ayant, dès le mois novembre 2019, constituer la pétition Free Algéria, une Coordination internationale de la diaspora algérienne d’Europe et d’Amérique, en vue de catalyser et structurer sa contribution au Hirak.
Un enjeu politique, social… et économique
Un apport de la diaspora qui revêt plusieurs enjeux, à la fois politique, social et économique alors que près de 7 millions d’Algériens vivraient à l’étranger (plus de 800 000 en France selon l’Insee), et que les envois de fonds de la diaspora par l’Algérie se sont chiffrés à 1,9 milliards de dollars en 2018.
Aussi, si le gouvernement algérien a parfois facilité la création d’entreprises notamment pour les binationaux, la dépendance de l’économie algérienne vis -à-vis des hydro-carburants, plus de 95 % des recettes extérieures et 60 % au budget de l’Etat, ont freiné le développement de nouveaux secteurs. Ce, alors que, le pays jouit d’une jeunesse innovante et d’un très fort potentiel touristique. D’où l’impératif, exhortera Smail Chertouk, a entreprendre et se connecter, malgré la distance, au processus qui libera le pays de ses chaines pétrolières.
Cette année, le conseiller en innovation a d’ailleurs été l’un des principaux instigateurs de l’application mobile NETLAGAW, une application gratuite permettant de faciliter la planification des initiatives citoyennes en Algérie.
En attendant, au-delà des frontières de l’Hexagone, la diaspora algérienne, riche de compétences développées à l’étranger, pourrait donc tenir une place prépondérante dans le renouveau du secteur économique. De même que dans l’avènement d’une nouvelle société algérienne dans laquelle la diaspora jouera pleinement son rôle.